Le tueur à gages Frédérick Silva, qui devait subir un dernier procès, devant jury cette fois-ci, pour le meurtre du client d’un bar de danseuses commis à Montréal en mai 2017, a mis fin à toutes les procédures entamées contre lui vendredi matin, au palais de justice de Montréal.

Sans plaider coupable, Silva, 41 ans, a toutefois reconnu que la preuve de la poursuite était probante.

Cela signifie que c’est le juge Marc David, de la Cour supérieure, qui le déclarera coupable de meurtre au second degré dans deux semaines. Mais en agissant ainsi, Silva, qui conteste certains gestes des policiers durant l’enquête ayant mené à son arrestation, conserve ses droits d’aller en appel.

Silva reproche notamment à un enquêteur d’avoir utilisé, à l’insu d’une juge de paix magistrat, le tampon de signature de cette dernière pour obtenir un faux mandat.

L’avocate de Silva, MDanièle Roy, a présenté une requête en abus de procédures soulevant notamment la conduite de l’enquêteur, mais le juge David l’a rejetée, concluant que même si le geste était inapproprié et irréfléchi, le policier n’avait pas de mauvaise intention. Le magistrat a aussi souligné que le but était d’élucider des crimes les plus graves du Code criminel.

Dispute sanglante

Selon un résumé des faits déposé en cour, la victime, Daniel Armando Somoza-Gildea, se trouvait avec son amie de cœur au cabaret Les Amazones, sur la rue Saint-Jacques, vers 2 h 30 dans la nuit du 24 mai 2017.

Silva était aussi dans l’établissement avec des amis, lorsque l’un d’entre eux, Billy Glenold-Fleury, a accosté l’amie de cœur de Somoza-Gildea. Ce dernier n’a pas apprécié le geste et l’a fait savoir à Glenold-Fleury, qui l’a giflé.

Une mêlée a suivi et les portiers de l’établissement ont expulsé la victime. Un ami de Silva a alors tenté de calmer les esprits à l’extérieur, mais dix secondes plus tard, des témoins ont entendu des coups de feu et la victime a été touchée.

Aucun témoin n’a identifié formellement Silva, mais les policiers ont saisi les vidéos captées par les caméras de surveillance de sa résidence à Terrebonne et ont constaté qu’il était habillé de la même façon que le tireur ce jour-là. De plus, Silva n’est jamais retourné chez lui après le meurtre.

Nouvelle apparence et fausses identités

D’autres éléments de preuve saisis par les policiers ont également démontré qu’après le crime, Silva a visité à quelques reprises le site des dix criminels les plus recherchés et modifié son apparence physique.

Il s’est notamment fait pousser les cheveux et la barbe, a recouvert ses tatouages par des nouveaux et a porté des lunettes sans prescription.

Il a aussi fait une demande de passeport sous une fausse identité, celle de David Guérard. Lorsque cette fausse identité a été compromise, il a utilisé les noms de David Lajoie-Gauthier et de Michaël Vincinni.

La poursuite, représentée par MAntoine Piché, et la défense se sont entendues sur une peine à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 10 ans à imposer à Silva pour le meurtre de Somoza-Gildea. Le juge décidera dans deux semaines.

Silva a déjà été condamné à une peine à perpétuité sans admissibilité à une libération conditionnelle avant 25 ans pour les meurtres d’Alessandro Vinci, d’Yvon Marchand et de Sébastien Beauchamp, commis en 2018, et pour une tentative de meurtre contre le chef de clan Salvatore Scoppa en 2017.

Un des amis de Silva qui l’accompagnait la nuit du meurtre de Somoza-Gildea, Sébastien Giroux, a plaidé coupable à un chef de complicité après le fait récemment et connaîtra sa peine le 13 mai prochain.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.