Un individu que la police considère comme un acteur influent de la mafia et du crime organisé montréalais est maintenant persona non grata dans un bar de son propre fief, le quartier Rivière-des-Prairies, dans l’est de Montréal.

Depuis la semaine dernière, Marco Pizzi, ses fils, d’autres membres de sa famille et l’un de ses amis, Salvatore Infantino, n’ont plus le droit de mettre le pied à l’établissement Le 6e Ave Bar & Grill, boulevard Maurice-Duplessis, près du boulevard Louis-Hippolyte La Fontaine.

La Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) du Québec avait convoqué M. Infantino, ancien titulaire du bar, l’automne dernier, pour plusieurs manquements aux règlements.

Le Service de police de la Ville de Montréal avait entamé des démarches auprès de la RACJ notamment en raison de la présence de membres du crime organisé dans l’établissement, de la commission d’actes de violence et du non-respect des mesures sanitaires imposées pour contrer la COVID-19.

Mais avant que la question soit débattue sur le fond, la RACJ et le nouveau titulaire, Carmine Juliano Battista, en sont venus à une entente.

Les permis d’alcool ont été suspendus pour une période de 60 jours, et M. Battista s’est engagé à respecter les règles, à collaborer avec la police et à interdire l’accès à son établissement à Marco Pizzi, quatre membres de sa famille, Salvatore Infantino, Fabio Infantino et Elie Mikhael Daaboul.

Dans sa décision entérinant l’entente survenue entre la RACJ et le propriétaire du 6e Ave Bar & Grill, la RACJ souligne que « l’aspect le plus troublant du présent dossier est la présence et l’emprise de certains individus reliés aux plus hautes sphères du crime organisé montréalais sur le contrôle de l’établissement » et l’organisme fait mention de « l’exclusion systématique de certains individus problématiques ».

Avec les décideurs

Marco Pizzi, 52 ans, qui est très présent dans le quartier Rivière-des-Prairies, est considéré par la police comme l’un des acteurs importants de la mafia et du crime organisé montréalais.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Marco Pizzi

L’un de ses proches, Davide Barberio, et lui ont été observés à quelques reprises durant les derniers mois en compagnie d’influents membres des Hells Angels, entre autres Martin Robert et Stéphane Plouffe, de la section de Montréal, que la Sûreté du Québec considère comme des décideurs du crime organisé à Montréal et au Québec.

Pizzi avait été la cible d’une spectaculaire tentative de meurtre le 1er août 2016 dans l’est de Montréal.

Des immeubles et des commerces reliés à lui ou à sa famille avaient aussi été les cibles d’incendiaires à la même époque.

Au milieu des années 2010, Pizzi avait été arrêté pour trafic de cocaïne dans une importante enquête de la Gendarmerie royale du Canada baptisée Clemenza et qui visait la relève de la mafia montréalaise, mais il avait bénéficié d’un arrêt du processus judiciaire avec 35 autres accusés en mars 2017.

Durant son enquête sur remise en liberté, Salvatore Infantino avait témoigné en faveur de Pizzi et déclaré qu’il était un ami d’enfance de ce dernier.

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