Les délibérations au procès de Dominico Scarfo, accusé des meurtres de deux lieutenants de la mafia montréalaise en 2016, se poursuivent à 11 jurés plutôt que 12 depuis mardi matin.

Un juré a en effet été libéré par le juge Michel Pennou de la Cour supérieure après qu’un constable eut entendu lundi soir une conversation au cours d’un appel téléphonique personnel entre ce citoyen et un proche.

Les membres du jury sont isolés durant leurs délibérations, et lorsqu’ils ont un contact avec l’extérieur, des constables surveillent les échanges pour s’assurer qu’il n’y a pas de contamination.

Le constable a alors entendu la personne à qui parlait le juré dire que les délibérations, qui en étaient alors à la sixième journée, « prenaient trop de temps et qu’ils [les jurés] devraient l’envoyer [l’accusé] en prison ».

Le ou la juré qui a eu cette conversation est le numéro 10. La Cour a décidé de ne pas préciser le sexe du numéro 10 ni celui de son interlocuteur au téléphone, qui est son conjoint ou sa conjointe.

Le constable a avisé la Cour et a témoigné, en résumant le contenu de la conversation. Lui et un autre constable ont passé la nuit de lundi à mardi avec les jurés et ont assuré que la teneur de la conversation n’avait pas été transmise au reste du jury.

Le juge Michel Pennou, qui préside le procès de Dominico Scarfo, a questionné le juré et a ensuite demandé aux parties de lui faire connaître leur position.

Une délibération qui s’étire

Les parties se sont inquiétées que le numéro 10 ait pu avoir des contacts avec deux autres jurés, mais après avoir obtenu certaines assurances, le juge a libéré le juré numéro 10 et annoncé aux autres que les délibérations se poursuivraient à 11.

Celles-ci en sont, ce jeudi matin, à leur huitième journée.

Dominico Scarfo, 49 ans, qui est accusé de complot et des meurtres prémédités de Lorenzo Giordano et de Rocco Sollecito, a été trahi par un ancien complice devenu agent civil d’infiltration (ACI) pour la Sûreté du Québec et qui a renoué contact avec lui en 2019 et l’a enregistré à son insu.

Les jurés ont demandé de réentendre le témoignage de l’ACI – qui a duré plusieurs jours –, les témoignages d’autres témoins au procès et les plaidoiries de la poursuite et de la défense.

Les enregistrements et le témoignage de l’ACI ont constitué le cœur de la preuve du procès qui a duré deux mois. On peut penser qu’ils constituent également le cœur des délibérations.

Dans sa plaidoirie finale, MMarie-Christine Godbout, de la poursuite, a insisté sur le fait que beaucoup d’éléments dans les enregistrements et le témoignage de la taupe de la police ont été corroborés par d’autres témoins et documents.

De son côté, MLuc Trempe, de la défense, a notamment plaidé que le témoignage de l’ACI n’était pas crédible et a invité les jurés à ne pas le dissocier des enregistrements déposés en preuve.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.