Les individus impliqués dans le meurtre du mafioso Rocco Sollecito commis en 2016 se sont retrouvés, trois ans plus tard, au cœur d’une stratégie policière visant à les faire parler.

C’est ce que les jurés au procès de Dominico Scarfo ont pu constater ces derniers jours, en écoutant des extraits d’enregistrements effectués par une taupe de la police.

Dominico Scarfo subit actuellement son procès pour avoir comploté et commis les meurtres des capitaines de la mafia montréalaise Lorenzo Giordano et Rocco Sollecito, survenus en mars et en mai 2016, à Laval.

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Dominico Scarfo

Dans le cas de Sollecito, Scarfo aurait conduit une voiture devant celle du capitaine de la mafia, et aurait effectué un arrêt obligatoire durant de longues secondes, forçant ainsi Sollecito à arrêter son VUS, ce qui a facilité la tâche du tueur sorti d’un abribus placé à l’intersection.

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Rocco Sollecito était au volant de son VUS de marque BMW blanc lorsqu’il a été abattu de plusieurs projectiles tirés par un individu sorti de cet abribus.

Par la suite, le tueur a pris la fuite sur une moto sur laquelle l’attendait un troisième complice dont on ne peut dévoiler l’identité en vertu d’une ordonnance de non-publication.

Le tueur, dont l’identité est également protégée, a collaboré avec les enquêteurs de la Sûreté du Québec trois ans plus tard et enregistré à leur insu, avec un dispositif d’enregistrement portatif, les autres individus supposément impliqués dans le meurtre de Sollecito, dont Dominico Scarfo.

« Il faut détruire la moto »

Le matin du 10 septembre 2019, la police a diffusé une photo des deux suspects sur la moto et invité toute personne qui aurait des informations à communiquer avec elle.

Le jour même, le tueur à gages devenu agent civil d’infiltration (ACI) pour la police – qui portait alors son dispositif d’enregistrement – et Scarfo ont rencontré le 3e suspect – dont on doit taire le nom – et son père.

« Ils sont à la recherche de deux personnes », a dit Scarfo.

« Mon ami m’a texté ce matin. C’est à la télé. Ah, l’osti d’affaire », a poursuivi le tueur à gages devenu ACI.

« Ils disent qu’il y a deux hommes sur la moto. Ils sont à la recherche de cette moto », a renchéri Scarfo.

« C’est vrai. Mais une moto, tu sais combien de motos il y a ? », a répondu le père du 3e suspect.

« Il faut la détruire », a alors lancé Scarfo.

« Est pas icitte la moto. Elle n’est pas à Montréal », a répliqué le père.

« Parfait, mais fais-la disparaître », a ordonné le tueur à gages.

Une moto retrouvée sept jours plus tard

La semaine dernière, le jury a appris, photos déposées en cour à l’appui, qu’une moto, vraisemblablement celle-là, a été retrouvée accidentée dans le cabanon d’une propriété de la Nouvelle-Écosse le 17 septembre 2019, soit une semaine après la diffusion par la police de la photo des tueurs et de la moto.

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La moto accidentée retrouvée sept jours plus tard en Nouvelle-Écosse.

La moto, et une plaque d’immatriculation que les policiers ont retrouvée avec l’engin, étaient au nom du père du 3e suspect qu’on ne peut identifier.

Le procès, qui est présidé par le juge Michel Pennou de la Cour supérieure, n’a pas avancé lundi en raison d’un problème dans la traduction des conversations sur les enregistrements, qui mélangent anglais, français et italien.

Il doit reprendre normalement mardi matin avec la suite de l’écoute des enregistrements réalisés par la taupe de la police.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.