Un homme noir et sa mère poursuivent six policiers ainsi que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), pour 90 000 $, parce qu’ils allèguent avoir été victimes de profilage racial lors d’un incident survenu en avril dernier dans le quartier Côte-des-Neiges.

Dans une poursuite déposée le 3 février au palais de justice de Montréal, Clivens Félisma Georges et sa mère Marcelie Georges soutiennent que des policiers ont braqué leurs armes sur eux, avant que M. Georges ne soit arrêté pour possession d’arme, alors qu’aucune arme n’a été trouvée, ni sur lui ni dans sa voiture.

« Il appert des faits que [M. Georges] a été ciblé par les policiers parce qu’il était un Noir, notamment sujet à des stéréotypes d’appartenance des jeunes noirs à la criminalité », indique le document. « Les policiers n’avaient, dans les faits, aucun motif réel ou soupçon raisonnable de soumettre le demandeur à un traitement aussi excessif. »

« Bref, [M. Georges et Mme Georges] (en tant que victime collatérale), ont été victimes de profilage racial par les policiers du SPVM. »

Les faits se seraient produits le 25 avril 2021, en fin de journée. Clivens Félisma Georges, qui travaille comme livreur, se trouvait dans l’appartement de sa mère, rue Plamondon, lorsqu’il a été informé par une voisine que des policiers étaient en train de fouiller sa voiture, garée dans la ruelle.

M. Georges et sa mère seraient alors sortis de l’immeuble pour aller voir ce qui se passait. Ils auraient été immédiatement mis en joue par plusieurs policiers, qui auraient d’abord refusé d’expliquer les raisons de leur intervention.

Des renforts sont arrivés, jusqu’à ce qu’il y ait six agents sur les lieux, pointant tous leurs armes en direction de Clivens Félisma Georges et de sa mère, qui se serait même interposée entre les policiers et son fils pour tenter de le protéger.

Puis, un policier aurait dit que ses collègues et lui avaient des raisons de croire qu’une arme à feu se trouvait dans un sac à l’intérieur du véhicule.

« [M. Georges] est mis en état d’arrestation sous le motif de possession d’une arme à feu, et ce, alors que la fouille se poursuit dans son véhicule et dans l’immeuble de [Mme Georges]. Les policiers justifient leur fouille par le fait que le sac du demandeur semble lourd, » peut-on lire dans le texte de la poursuite.

La scène a d’ailleurs été filmée par des voisins.

« N’ayant trouvé aucune arme à feu, les policiers relâchent [M. Georges] en lui disant que c’est son “ jour de chance ”. Les policiers n’offrent aucune excuse, se contentant de quitter les lieux. »

Affaire George Floyd

« Les pratiques policières à l’encontre de [M. Georges] démontrent clairement que celui-ci a été la cible de profilage racial basé sur la couleur de sa peau », allègue encore la poursuite. « Les fautes des policiers revêtent un caractère aggravant, considérant que depuis la tristement célèbre histoire de George Floyd, les instances politiques, sociales, médiatiques et communautaires de toute l’Amérique du Nord ont dénoncé le profilage racial des policiers envers les personnes noires. »

Depuis ces évènements, Clivens Félisma Georges et sa mère seraient traumatisés, au point de vivre dans la peur constante de la police. C’est pourquoi ils demandent une compensation financière de la part de chacun des policiers présents sur les lieux et de la part du SPVM, pour un total de 90 000 $.

Ils demandent aussi que la Ville de Montréal impose à l’ensemble des policiers du SPVM, tous les deux ans, une formation complète sur les enjeux de profilage racial, en plus d’exiger la collecte de données statistiques concernant l’appartenance raciale perçue ou présumée des personnes faisant l’objet d’une interpellation « afin de contrer le phénomène du profilage racial ».

En savoir plus
  • 744
    Nombre d’armes saisies par le SPVM en 2020
    Source : rapport annuel 2020 du SPVM
    160
    Nombre de sources consultées par le SPVM pour élaborer sa politique sur les interpellations policières en 2020
    Source : rapport annuel 2020 du spvm