Les trois entraîneurs de basketball de l’école secondaire Saint-Laurent qui ont été arrêtés mercredi ont été entre autres accusés d’agression sexuelle et d’attouchements sexuels en position d’autorité, jeudi matin au palais de justice de Montréal. La police cherche à identifier « d’autres jeunes filles » qui pourraient avoir été des victimes.

Deux des accusés demeureront détenus, alors qu’un troisième a été libéré en s’engageant à respecter plusieurs conditions. Daniel Lacasse, 43 ans, responsable du programme de basketball de l’école, fait face à un chef d’exploitation sexuelle. On l’accuse d’avoir « touché une partie du corps » d’une adolescente vis-à-vis de laquelle il était « en situation d’autorité ou de confiance », entre le 1er septembre 2010 et le 10 avril 2012. La Couronne s’est objectée à sa remise en liberté. Il doit revenir devant le juge vendredi.

Quant à lui, l’entraîneur Robert Luu, âgé de 31 ans, est accusé de contact sexuel, d’incitation à des contacts sexuels et d’agression sexuelle. Dans son cas, les faits se seraient produits plus récemment, entre septembre 2014 et décembre 2017. La Couronne s’est aussi objectée à sa remise en liberté, et il sera également de retour vendredi devant le juge.

Enfin, le troisième entraîneur, Charles-Xavier Boislard, 43 ans, fait face à quatre chefs d’accusations, soit de contact sexuel, d’incitation à des contacts sexuels, d’agression sexuelle et d’exploitation sexuelle.

  • Daniel Lacasse

    PHOTO FOURNIE PAR LE SPVM

    Daniel Lacasse

  • Charles-Xavier Boislard

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    Charles-Xavier Boislard

  • Robert Luu

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    Robert Luu

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Selon la dénonciation, Boislard est accusé d’avoir « touché une partie du corps » d’une victime de moins de 16 ans et d’avoir commis une agression sexuelle entre le 1er septembre 2008 et le 11 avril 2010. Comme Daniel Lacasse, Xavier Boislard est aussi accusé d’exploitation sexuelle pour des faits qui se seraient produits entre avril 2010 et décembre 2010, et d’avoir « invité, engagé ou incité » une victime mineure « à le toucher » ou à « toucher un tiers ».

M. Boislard sera remis en liberté en s’engageant à respecter plusieurs conditions, notamment de résider à son domicile de Brossard, de ne pas quitter la province, de ne pas contacter la plaignante et de ne pas se trouver en contact avec des personnes de moins de 16 ans. Il reviendra devant le tribunal le 24 mars.

Les trois accusés ont comparu par visioconférence, depuis le Centre opérationnel Est du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Ils étaient vêtus de leurs vêtements de sport, ayant été arrêtés à l’école mercredi en milieu de journée. Ils n’ont pas encore enregistré de plaidoyer.

MEddy Ménard, avocat de Daniel Lacasse et de Charles-Xavier Boislard, n’a fait aucun commentaire en sortant de la salle d’audience, pas plus que MSharon Sandiford, avocate de Robert Luu. « Il n’y a pas encore beaucoup de commentaires à faire sur les faits de la cause, les accusés ont comparus », a commenté le procureur de la Couronne, MBruno Ménard. « La poursuivante a consenti à des conditions de remise en liberté dans le cas d’un des accusés. Pour ce qui est des deux autres accusés, il y a eu une objection à la remise en liberté. Par la suite, il y aura peut-être des discussions avec la défense. Le temps nous le dira. »

La police veut identifier d’autres victimes

Pour l’heure, deux victimes se sont manifestées à la police, mais selon celle-ci, il pourrait bien y en avoir d’autres. Dans un communiqué jeudi, le SPVM a en effet dit chercher « à identifier des victimes potentielles de Daniel Lacasse, Robert Luu et Charles-Xavier Boislard ». « Les faits reprochés aux accusés s’échelonnent sur une période allant de 2008 à 2017. Puisque de nombreuses mineures ont fait partie des équipes sportives auxquelles les trois hommes sont liés au fil des ans, les enquêteurs ont des raisons de croire que d’autres jeunes filles pourraient avoir été victimes de gestes similaires, et ce, de 2005 à ce jour », indique le corps policier.

Ainsi, quiconque aurait été victime ou témoin d’actes répréhensibles de nature sexuelle commis par les accusés est invité à « communiquer directement avec les enquêteurs de la Section des agressions sexuelles au 514 280-8502 ou à se rendre à son poste de quartier », précise la police.

Toute autre personne détenant une information pertinente et qui souhaiterait la partager de façon confidentielle et anonyme est invitée à contacter le centre d’Info-Crime Montréal au 514 393-1133, ou encore en remplissant un formulaire de signalement sur le site web de l’organisme.

Le directeur général du Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys, Dominic Bertrand, a confirmé jeudi que les trois entraîneurs « ont été suspendus » dès le dépôt officiel des accusations. « Cette situation nous ébranle tous et nous la prenons très au sérieux », a-t-il dit dans un communiqué, en promettant de mettre en place « toutes les recommandations et directives qui pourraient nous être formulées ».

Nous ne ménagerons aucun effort pour soutenir et accompagner adéquatement les élèves, les parents et les membres de notre personnel.

Dominic Bertrand, directeur général du Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys

M. Bertrand, qui a lui-même été directeur de l’école pendant quelques années, durant la période où les agressions ont été commises, rappelle qu’une équipe d’intervenants à l’école a été déployée pour « soutenir les élèves qui en auraient besoin ».

Ces arrestations ont causé une commotion depuis mercredi parmi les 2000 élèves de cet établissement, leurs parents, les employés, la direction et le milieu de ce sport qui fait la fierté de l’école. Les trois hommes, en particulier Daniel Lacasse, sont connus et très respectés dans le milieu du basketball scolaire, et le programme de l’école secondaire Saint-Laurent a, depuis des années, formé de très bonnes joueuses, dont plusieurs ont été admises dans des collèges ou des universités aux États-Unis. Les victimes seraient des joueuses ou d’anciennes joueuses de basketball de l’école, mineures au moment des évènements, issues de familles défavorisées ou monoparentales, et dont les ambitions étaient de faire partie de l’élite de leur sport.

Avec Daniel Renaud