Mobilisés pour élucider le meurtre d’un présumé trafiquant commis à l’été 2020, les enquêteurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont été appuyés par 16 informateurs différents, qui les ont menés aux présumés meurtriers, mais également à une vieille relation des Hells Angels qui aurait contrôlé un réseau familial de trafic de cocaïne dans l’est de Montréal.

Ce réseau aurait été dirigé par Gaétan Bradette, un ami de Steven Bertrand, autrefois proche du chef guerrier des Hells Angels Maurice Boucher. Deux des fils de Bradette, Francis et Tommy, auraient aussi été impliqués dans le trafic de drogue, ainsi que l’une de ses brus, Marybel Bouchard-Frenette, aussi accusée.

Gaétan Bradette, qui fait face à des chefs de gangstérisme et de trafic de stupéfiants, a passé les Fêtes derrière les barreaux, sa demande de remise en liberté ayant été refusée.

Lors de l’audience, un enquêteur de la Division du crime organisé (DCO) du SPVM, Francis Derome, a expliqué que l’enquête, baptisée Maculé, a été amorcée par les Crimes majeurs, à la suite du meurtre d’un présumé vendeur de drogue du Village gai qui aurait été séquestré, battu et abandonné grièvement blessé, à demi nu, dans le parc industriel d’Anjou, avant de mourir à l’hôpital trois semaines plus tard.

Après le crime, 16 informateurs ont appuyé les limiers vers des gens de l’entourage des Bradette.

À partir de mars 2021, les suspects ont été mis sur écoute. Des mouchards ont aussi été installés dans leur résidence. Durant l’enquête, les policiers ont intercepté plus de 82 000 communications (appels et messages textes), effectué 162 surveillances physiques, exécuté 220 autorisations judiciaires, effectué plusieurs scénarios d’infiltration avec des agents doubles et saisi 4 kg de cocaïne et 250 000 $.

PHOTO DÉPOSÉE EN COUR

Une partie de la cocaïne saisie par les enquêteurs

« Enfant de chienne »

Selon la preuve présentée, Gaétan Bradette et son fils Francis, qui aurait agi comme gérant, auraient dirigé trois vendeurs. Le réseau fonctionnait avec une ligne téléphonique, mais les appels étaient transférés directement aux vendeurs. Ceux-ci distribuaient la cocaïne aux quarts. L’enquêteur Francis Derome évalue sommairement que les profits auraient été de 4000 à 5000 $ par semaine.

Les enquêteurs des stupéfiants de la région ont aussi eu leur rôle à jouer et effectué plusieurs filatures. Au cours de l’une d’elles, ils ont été repérés par Marybel Bouchard-Frenette, qui a immédiatement appelé son beau-père, Gaétan.

« Va chez ton grand-père, on arrive », a dit ce dernier.

Lui et son fils Francis ont quadrillé le secteur, à la recherche de véhicules de filature. Francis a cru en voir un.

« Enfant de chienne », a répondu Gaétan Bradette.

« La Honda Accord est un peu maganée, ce n’est pas la même que d’habitude », a précisé Francis un peu plus tard.

« Ce sont des fatigants, ils ne lâchent pas », dira Gaétan Bradette le 19 mai, lorsqu’il apprendra que son fils Tommy a été arrêté pour sa présumée implication dans un réseau qui opérait en Abitibi.

« Je ne fais rien de mal. Je loue des chars à tous les trafiquants de drogue d’Hochelaga-Maisonneuve. Je paye mes taxes », ajoutera-t-il, comme pour se disculper, croit le témoin, comme s’il se doutait qu’il était écouté.

Une semaine plus tard, deux femmes ont parlé d’un individu que la police croyait être Gaétan Bradette.

« Il devrait prendre sa retraite. C’est mieux comme ça qu’il ne touche plus à rien. À l’âge qu’il est rendu, ça fait longtemps qu’il aurait dû être tassé de là. Il ne lui est jamais rien arrivé, il devrait penser à ça, il est passé à côté toute sa vie », a dit l’une d’elles.

Tommy Bradette, Samir Drissi et Jonathan Fortier sont accusés du meurtre du présumé trafiquant de drogue.

La poursuite est représentée par MMarie-France Drolet et la défense, par MBenoit Cliche.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.