Des substances biologiques, que les techniciens en scène de crime de la Sûreté du Québec ont interprété comme étant possiblement du sang, ont été retrouvées dans le garage du couple Marie-Josée Viau et Guy Dion, à Saint-Jude, le jour de l’arrestation de ces derniers, le 16 octobre 2019.

C’est ce qu’a raconté de façon très pédagogique une technicienne en scène de crime de la SQ, qui a livré un témoignage digne de l’émission CSI — mais en plus réaliste — aux 14 membres du jury au procès du couple accusé d’avoir comploté et tué les frères Giuseppe et Vincenzo Falduto le 30 juin 2016.

La policière, Sophie Fortin, et ses collègues ont effectué un véritable travail d’archéologie sur le terrain des accusés, sur le rang Salvail Sud, qu’ils ont fouillé de fond en comble durant deux jours et près de 26 heures, les 16 et 17 octobre 2019.

  • Le foyer qui se trouvait dans la cour arrière a été démonté par les policiers pour y effectuer des fouilles.

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    Le foyer qui se trouvait dans la cour arrière a été démonté par les policiers pour y effectuer des fouilles.

  • Une vue de l’extérieur du garage le jour de la perquisition, le 16 octobre 2019.

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    Une vue de l’extérieur du garage le jour de la perquisition, le 16 octobre 2019.

  • Une vue de l’intérieur du garage.

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    Une vue de l’intérieur du garage.

  • C’est à ces endroits, où se trouvent des placards jaunes, que des substances biologiques ont été retrouvées sur le plancher du garage par les policiers.

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    C’est à ces endroits, où se trouvent des placards jaunes, que des substances biologiques ont été retrouvées sur le plancher du garage par les policiers.

  • Le tracteur à gazon à gauche et la corde de bois à droite, dont il a été question lors de l’interrogatoire de la policière Sophie Fortin.

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    Le tracteur à gazon à gauche et la corde de bois à droite, dont il a été question lors de l’interrogatoire de la policière Sophie Fortin.

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Les policiers ont passé le terrain au détecteur de métal, tamisé un amas de terre qui se trouvait à proximité d’un foyer extérieur, démonté ce foyer, creusé avec une excavatrice un trou de quatre mètres par six mètres à l’endroit où il se trouvait, et de nouveau tamisé toute la terre et le sable qu’ils ont retirés.

Ils ont aussi fouillé une rivière qui coule au fond du terrain, avec l’aide des plongeurs de la SQ.

Sophie Fortin et sa collègue Mélanie Marcoux ont notamment scruté le plancher d’un garage à trois portes durant des heures en déplaçant tous les objets qui s’y trouvaient et en l’examinant avec une lampe judiciaire, « beaucoup plus puissante qu’une lampe normale », a expliqué la technicienne.

Durant cet examen aussi minutieux que fastidieux, des cernes noirs au sol, au milieu du bâtiment, ont attiré leur attention.

« On a utilisé une technique avec un vaporisateur qui permet de retracer le sang lavé ou pas visible à l’œil nu. La technique crée une luminescence, comme une luciole dans le noir. Ensuite, on a fait un test hémastique, c’est un test présomptif pour décider si on fait un prélèvement ou pas. Un test présomptif, c’est quand on présume que c’est du sang. Avec un coton-tige, on frotte sur la substance. Il y a eu une coloration verdâtre qui indique qu’il y a du sang. Donc a on a fait un prélèvement », a décrit Mme Fortin.

Un résultat positif et un prélèvement ont également été effectués sur un balai.

De tels prélèvements sont remis à l’enquêteur responsable de la scène et envoyés au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec.

Pour le moment, les jurés et journalistes ne savent pas s’il s’agit de sang ou non.

Un pistolet dans un coffre-fort

Dans la résidence de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, les policiers ont également découvert un petit coffre-fort contenant un pistolet et une boite de balles Bulk Pack hollow point.

Ils ont aussi trouvé plusieurs feuilles manuscrites ressemblant à des listes affichant notamment les mots et les chiffres Winchester, 38 special, 45 auto et 357.

Dans une Mazda 3 qui se trouvait sur le terrain, les policiers ont découvert un reçu avec le nom de l’individu qui avait prépayé un téléphone en s’enregistrant sous le pseudonyme de Brad Pitt.

Durant l’interrogatoire de la policière Fortin, la procureure de la Poursuite, MIsabelle Poulin, a insisté sur les photos d’objets qui se trouvaient dans le garage du couple, notamment des bidons d’essence, une corde de bois et un tracteur à gazon.

La policière Sophie Fortin a également précisé avoir mesuré un boyau d’arrosage accroché à la maison et constaté qu’il se rendait jusqu’au foyer extérieur — creusé par les policiers — et au-dessus duquel passe la ligne électrique de la maison.

Durant sa déclaration d’ouverture du procès, la procureure MPoulin a dit au jury que les accusés ont brûlé à ciel ouvert les corps des frères Falduto après que ces derniers eurent été tués par un tueur à gages de la mafia devenu agent civil d’infiltration pour la police, en présence de l’homme surnommé Brad Pitt.

Contre-interrogée par l’une des avocates de la Défense, MNellie Benoit, Mme Fortin a dit ne pas avoir trouvé d’impact de projectile dans le garage.

Un plongeur retraité de la SQ, Denis Belley, a aussi témoigné et raconté que le jour des arrestations, lui et trois collègues ont effectué une battue, « à quatre pattes », en fouillant avec leurs mains le fond d’une rivière qui coule près du terrain des accusés dans laquelle des restes humains auraient pu être jetés mais ils n’ont rien trouvé. Le procès se poursuit jeudi.

Pour sa part, un employé du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale, Jean-François Daigneault, a exhibé aux jurés des photos prises par un drone le jour de la perquisition pour leur montrer et situer la propriété et les environs.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.