Un ostéopathe montréalais accusé d’avoir agressé sexuellement trois femmes en 2017 a été acquitté jeudi. En effleurant les seins de ses patientes dans un contexte thérapeutique, Laurent Begué a été « maladroit » et a manqué de « jugement professionnel », mais n’a commis aucun crime, a tranché le Tribunal.

Dans une longue décision rendue jeudi à Montréal, le juge Dennis Galiatsatos a fait bénéficier Laurent Begué du doute raisonnable, malgré ses dénégations « invraisemblables ». La piètre fiabilité des témoignages des plaignantes et les incohérences importantes dans leurs récits ont été déterminantes dans cet acquittement.

Selon le juge, Laurent Begué se permettait de toucher les seins de ses clientes en travaillant les tissus et les muscles de leur poitrine dans un contexte thérapeutique. Il n’avait toutefois aucun mobile de nature sexuelle. Ses manipulations apparaissent d’ailleurs dans des ouvrages spécialisés.

Les trois plaignantes ont livré des récits similaires au procès en racontant comment Laurent Begué avait touché leur sein pendant un traitement pour soulager des douleurs au dos.

« Sa main dérape et vient sur mon sein et mon téton. […] J’étais complètement tétanisée dans ma tête », avait confié difficilement Martine*. Quelques jours après le traitement, Laurent Begué lui avait même présenté ses excuses.

« Nombreuses failles importantes »

Or, Martine s’est contredite à plusieurs reprises sur des éléments cruciaux, dont le contexte menant aux manipulations et le sein touché par l’accusé. Sa version est ainsi affligée de « nombreuses failles importantes », estime le juge. De plus, la plaignante a semblé « carrément abandonner » l’exercice pendant le contre-interrogatoire. Son témoignage est alors devenu « très incertain et louvoyant ».

Selon Valérie*, Laurent Begué a « empoigné » son sein sans demander la permission alors qu’elle était sur la table. Elle a évoqué une « manipulation de massage » et non une « caresse ».

Le juge Galiatsatos reconnaît que l’accusé a saisi le sein de Valérie à plusieurs reprises pendant le traitement et accepte « aisément » que celle-ci a eu l’impression qu’il se passait quelque chose d’« inapproprié ». Toutefois, il était « normal » que Laurent Begué travaille la région de la poitrine pendant le traitement.

Dans le cas de Zoé*, le juge conclut que les gestes de Laurent Begué n’étaient pas de nature sexuelle. Il s’agissait plutôt de mouvements « secs » en déplaçant la poitrine en même temps que l’omoplate. En outre, le thérapeute avait annoncé qu’il allait toucher le sternum de la patiente.

En plus de relever des exagérations dans son récit, le juge a remis en question la crédibilité de Zoé qui affirme avoir vécu une « expérience extracorporelle » pendant le traitement en raison d’agressions sexuelles antérieures. « Soyons clairs : le Tribunal n’en fait pas un reproche à la plaignante. Sa réaction était compréhensible », insiste le juge.

Le juge souligne la réaction « belliqueuse » et « agressive » de Zoé pendant un contre-interrogatoire pourtant mené dans les règles de l’art. La plaignante est devenue « provocatrice et hostile » du seul fait que l’avocat lui posait des questions, déplore le juge. La plaignante témoignait alors par visioconférence de l’étranger, alors qu’il était deux heures du matin.

Laurent Begué a « possiblement enfreint » des règles déontologiques et aurait dû être « plus explicite » dans ses avertissements, conclut le magistrat.

*Noms fictifs pour protéger la confidentialité des plaignantes