(Toronto) Le tueur et violeur en série Paul Bernardo devrait avoir droit en juin à une nouvelle audience pour obtenir sa libération conditionnelle, ce qui plonge encore une fois les proches de ses victimes dans des souvenirs atroces.

Les familles, farouchement opposées à la libération conditionnelle de Bernardo, préparent des déclarations d’impact sur les victimes pour l’audience provisoirement fixée au 22 juin, moins de trois ans après la dernière.

« Ça ne devient pas plus simple : les familles sont replongées là-dedans », a déclaré mercredi Tim Danson, l’avocat qui représente les familles de Kristen French et Leslie Mahaffy, assassinées par Bernardo. « C’est une expérience déchirante pour elles d’essayer d’expliquer l’impact de quelque chose d’aussi horrible que ce qui est arrivé à leur fille. »

Bernardo purge actuellement une peine d’emprisonnement à perpétuité pour avoir kidnappé, torturé et assassiné les adolescentes Kristen French et Leslie Mahaffy, au début des années 1990 près de St. Catharines, en Ontario. Il est devenu admissible il y a plus de trois ans à une libération conditionnelle, mais elle lui avait été refusée, lors d’une audience en octobre 2018.

Le meurtrier soutenait alors qu’il avait pleuré pour ce qu’il avait fait et qu’il s’était amélioré, mais le comité à l’audience a estimé qu’il n’avait pas fait preuve de suffisamment d’introspection sur ses crimes. Le comité a mis une trentaine de minutes pour rejeter sa demande de libération conditionnelle totale, ou même de jour.

Or, les familles contestent la règle qui permet que Bernardo puisse à nouveau, si tôt, demander sa libération. Elles soutiennent qu’un intervalle de cinq ans entre les audiences serait plus qu’approprié — ce que fait valoir la mère de Kristen French, Donna, dans une déclaration de la victime qu’elle et son mari Doug viennent de soumettre à la Commission des libérations conditionnelles en vue de l’audience, selon Me Danson.

« L’encre est à peine séchée sur la préparation de la précédente déclaration de la victime pour la première audience de libération conditionnelle de Bernardo que (Mme French) est maintenant appelée à en faire une deuxième », a indiqué l’avocat.

Menace pour la population ?

Aujourd’hui âgé de 56 ans, Bernardo aura bientôt passé 30 ans derrière les barreaux, le plus souvent en isolement. Il avait été reconnu coupable en 1995 de meurtre au premier degré, d’enlèvement et d’agression sexuelle grave, entre autres. Ses crimes avaient été commis sur plusieurs années, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, et certains avaient été filmés.

Bernardo et son épouse de l’époque, Karla Homolka, ont notamment kidnappé, torturé et assassiné Leslie Mahaffy, âgée de 14 ans, de Burlington, en juin 1991, à leur domicile de Port Dalhousie, avant de démembrer son corps et de jeter ses restes dans un lac voisin. De la même manière, ils ont kidnappé et assassiné Kristen French, âgée de 15 ans, en avril 1992, après l’avoir torturée.

Lors de sa dernière audience, en 2018, Bernardo, incarcéré au pénitencier de Millhaven, dans l’est de l’Ontario, a fait valoir qu’une faible estime de soi l’avait poussé à commettre les crimes qu’il admettait maintenant avoir commis, et qu’il ne représentait plus une menace pour la population. Les parents de ses deux victimes de meurtre, qui ont longtemps soutenu que ce délinquant désigné « dangereux » ne devrait jamais être libéré, ont plaidé avec passion pour qu’il reste en prison.

Bernardo, qui a finalement admis avoir violé 14 autres femmes, avait également été reconnu coupable d’homicide involontaire relativement à la mort, en décembre 1990, de la sœur cadette d’Homolka, Tammy. La jeune fille de 15 ans est morte après avoir été droguée et agressée sexuellement par le couple Bernardo-Homolka.