(Joliette) Des policiers qui ont tenté de secourir Jaël Cantin ont témoigné avec émotion au procès de Benoît Cardinal, accusé d’avoir tué sa conjointe.

Le procès de Benoît Cardinal a repris mercredi au palais de justice de Joliette. Il avait été suspendu pendant plusieurs jours, puisque deux membres du jury ont été infectés par la COVID-19.

Jeudi, plusieurs policiers et paramédicaux ont raconté les évènements qu’ils ont vécus le 16 janvier 2020 à Mascouche, à la résidence de Jaël Cantin et Benoît Cardinal.

Le policier Yannerick L’Italien, père de trois enfants, a raconté comment il a tenté de réanimer la victime Jaël Cantin, avant l’arrivée des paramédicaux. « C’était un corps inerte qui est resté inerte », conclut-il à propos du travail de réanimation qu’il a effectué dans la chambre du couple où se trouvait cette mère de six enfants.

Dans cette chambre, il n’a pas constaté de trace de « bagarre » et de « désordre particulier ». Il a toutefois confié qu’il y avait énormément de sang. Tellement de sang qu’il n’a même pas pu faire le « bouche à bouche ». Il a utilisé un défibrillateur externe automatisée (DEA).

Après l’arrivée des paramédicaux, il s’est rendu dans la cour arrière pour ériger un périmètre de sécurité, et aussi, voir s’il pouvait trouver quelque chose ou un suspect, puisqu’il était alors question d’une introduction par effraction. Ce n’est que plus tard dans la journée que Benoît Cardinal sera accusé du meurtre au premier degré de sa conjointe.

Le policier n’a rien trouvé dans la cour arrière et n’a vu aucune trace de pieds dans la neige.

Il s’est ensuite rendu chez les parents de la victime, qui vivaient dans le même immeuble multifonctions que Jaël Cantin et Benoît Cardinal.

Il a passé plus de deux heures avec eux, ainsi que des enfants présents. C’est avec beaucoup d’émotion que M. L’Italien a expliqué que les enfants demandaient régulièrement « si on avait trouvé le méchant ».

Avec les deux autres adultes, il aurait pris soin de ces enfants. « Je m’en occupais comme j’aurais fait chez nous avec les miens », a-t-il expliqué aux membres du jury, la voix tremblante. « À plusieurs reprises, j’avais les yeux pleins d’eau. »

À un moment, il a reçu l’ordre d’informer les deux adultes que leur fille était malheureusement décédée. « Après l’annonce, nous nous sommes essuyé les yeux et nous nous sommes dit qu’on devait continuer de s’occuper des enfants. »

Un autre policier, Maxime Mathieu, a aussi versé des larmes lors de son témoignage. La juge Johanne St-Gelais lui a même proposé de prendre une pause, ce qu’il a refusé. Il a mentionné que lorsqu’il est entré dans la demeure, il a vu l’accusé, couché à terre, avec « du sang sur les mains ».

Les avocats de la défense ont questionné à plusieurs reprises les policiers sur les failles qu’ils auraient commises lors des évènements. Ils ont notamment soumis que les lieux du crime n’auraient pas été bien protégés.