(Winnipeg) Le magnat canadien de la mode Peter Nygard, accusé de trafic sexuel et de manœuvres frauduleuses aux États-Unis, en appelle de la décision d’une juge de Winnipeg qui a ordonné le mois dernier qu’il demeure incarcéré au Canada pour la suite des procédures en extradition intentées contre lui.

En refusant de lui accorder une libération sous caution, la juge Shawn Greenberg avait dit être préoccupée par le fait que M. Nygard ne s’était pas toujours présenté au tribunal par le passé. Elle avait ajouté craindre aussi qu’il utilise des employés pour falsifier des preuves.

Jay Prober, l’avocat de Peter Nygard, a plaidé que la santé de son client âgé de 79 ans était en danger s’il devait demeurer détenu et que s’il était libéré sous caution, une agence de sécurité assurerait une surveillance vidéo à plein temps de son domicile.

Les avocats du gouvernement canadien ont demandé comment M. Nygard paierait pour cette sécurité si ses finances sont en aussi piteux état, comme il le prétend lui-même. Ils ont ajouté que l’homme d’affaires avait les moyens de prendre la fuite et que les accusations aux États-Unis étaient trop graves pour qu’il soit libéré sous caution.

Peter Nygard fait face à neuf chefs d’accusation pour trafic sexuel et manœuvres frauduleuses aux États-Unis. Il avait été arrêté en décembre dernier à Winnipeg en vertu de la Loi sur l’extradition. Les accusations à New York portent sur une conduite criminelle impliquant au moins des dizaines de victimes aux États-Unis, aux Bahamas et au Canada, entre autres.

Les autorités américaines allèguent que sur une période de 25 ans, Peter Nygard a utilisé l’influence de son entreprise de mode, ainsi que ses employés et sa fortune, pour recruter et utiliser des femmes et des filles mineures pour sa gratification sexuelle et celle de ses amis et associés.

Selon les documents judiciaires, il contrôlait ses victimes par des menaces, de fausses promesses de devenir mannequin et d’autres possibilités d’avancement professionnel, un soutien financier et d’autres moyens coercitifs, notamment une surveillance constante, des restrictions de mouvement et un isolement physique.

L’accusé nie les allégations en bloc.

Peter Nygard a fondé sa petite entreprise de mode en 1967 à Winnipeg. Au fil des ans, les vêtements de sa marque ont été vendus dans les magasins du monde entier. Il a démissionné de la présidence de l’entreprise lorsque le FBI et la police de New York ont mené une perquisition dans ses bureaux l’année dernière.

Peter Nygard est aussi visé par une action collective aux États-Unis impliquant 57 femmes qui soutiennent des allégations similaires. Deux de ses fils ont aussi intenté une poursuite distincte ; ils allèguent que leur père avait organisé pour eux, alors adolescents, des relations sexuelles avec une femme.