Service Correctionnel Canada a réagi jeudi à l’étude de deux criminologues et au commentaire de l’ombudsman des détenus (l’Enquêteur correctionnel du Canada) qui ont dénoncé mercredi le recours trop fréquent à ce qui s’apparente à de l’isolement cellulaire, communément appelé « le trou ».

Par courriel, le ministère indique que « le modèle des unités d’intervention structurée est fondamentalement diffèrent du modèle précédent. Elles ne sont pas punitives. C’est plutôt le contraire. […] Elles servent de mesure temporaire pour aider les détenus à adopter des comportements plus positifs qui contribuent au maintien de la sécurité de l’ensemble de l’établissement », écrit Marie Pier Lécuyer, conseillère en relation avec les médias.

Service correctionnel du Canada indique au surplus que les détenus des pénitenciers fédéraux mis à l’écart temporairement bénéficient néanmoins des programmes, des activités et de divers contacts quotidiens avec du personnel ou d’autres détenus.

Dans leur étude, les criminologues Anthony Doob et Jane Sprott ont calculé — sur la base des données fournies par Service Correctionnel Canada — que dans l’ensemble du pays, 28,4 % des détenus déplacés vers les « unités d’intervention structurée » n’ont pas eu droit à leurs quatre heures statutaires à l’extérieur de leur cellule ; 9,9 % ont subi ce traitement pendant 16 jours ou plus, selon les auteurs.

Dans l’étude, le Québec ressort comme le triste champion de cette mise à l’écart parce qu’en proportion, le recours à cette mesure apparaît particulièrement fréquent. Les auteurs disent que la Colombie-Britannique, qui isole les détenus pendant 16 jours ou plus, fait dans la torture en regard des règles Mandela fixant des conditions minimales pour une détention respectueuse des droits de la personne.

Le ministère soutient que des décideurs externes indépendants ont passé en revue un millier de cas où des détenus mis à l’écart temporairement n’avaient pas passé chaque jour au moins quatre heures à l’extérieur de sa cellule comme ils en ont le droit et comme l’exigent les règles Mandela. « Souvent, ce type de situation se produit parce qu’un détenu refuse les possibilités qui lui sont offertes chaque jour », explique Mme Lécuyer.

Service Correctionnel Canada ne balaie pas pour autant du revers de la main l’étude des deux criminologues.

Le ministère soutient en conclusion que cette étude ajoutera à la rétroaction qui l’aide à amener des améliorations, notamment quant à certaines différences régionales.