Une centaine de personnes ont participé lundi après-midi à une cérémonie en hommage à Elisapie Pootoogook, cette femme inuite itinérante de 61 ans retrouvée morte le 13 novembre sur un chantier de construction du centre-ville, où sont érigées des tours à condominiums de luxe.

« N’est-ce pas ironique de voir des édifices, quatre tours à condos, construits là où il y avait un hôpital pour enfants, et de savoir qu’une personne est morte de froid à cet endroit ? C’est inacceptable ! », a souligné la secrétaire du conseil d’administration de la société Makivik, Rita Novalinga, s’adressant à la foule réunie au square Cabot, où Mme Pootoogook avait l’habitude de passer ses journées.

Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador, a aussi pris la parole et a souligné l’absence de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui avait été invitée à l’évènement.

Il a rappelé que la mort de Mme Pootoogook survient après celle de Raphaël André, en janvier dernier. M. André, un itinérant innu, est mort gelé dans une toilette chimique à l’angle de la rue Milton et de l’avenue du Parc.

« Il ne faut pas attendre une autre tragédie pour nous rappeler, il faut agir aujourd’hui », a-t-il lancé.

Refuge permanent

Les organismes qui travaillent auprès des sans-abri demandent depuis longtemps du financement pour un refuge permanent dans le secteur, qui pourrait notamment recevoir des itinérants même s’ils sont sous l’influence de l’alcool, a rappelé David Chapman, de l’organisme Résilience.

Lundi, au square Cabot, ceux qui côtoyaient Elisapie Pootoogook dans la rue se sont recueillis devant sa photo entourée d’une couronne de fleurs. Beaucoup se sont succédé au micro, en larmes, pour souligner à quel point elle allait leur manquer.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LAPRESSE

La secrétaire du conseil d’administration de la société Makivik, Rita Novalinga (à droite)

Il y eut des chants et le son des tambours. La chanteuse inuite Elisapie Isaac avait enregistré une chanson en l’honneur de la disparue, qui a été diffusée sur place.

Puis, l’assistance a formé un cortège pour se rendre à l’endroit où le corps de Mme Pootoogook a été retrouvé, un coin de rue plus loin.

Des bouquets de fleurs ont été déposés le long de la palissade entourant le chantier de construction de l’édifice du 1111, Atwater, dont le slogan est « l’exclusivité de la vie au sommet ».