La fillette de Granby pouvait bouger la tête de gauche à droite même si elle était enroulée dans du ruban adhésif, a conclu le professeur Charles Dubois, mercredi matin, dans le procès de la belle-mère de l’enfant. La méthodologie de l’expert de la défense a toutefois été sérieusement remise en question lors de son contre-interrogatoire.

Les avocats de l’accusée ont demandé à cet expert en polymère d’analyser les pièces à conviction saisies au domicile de l’accusée et de la victime. Le professeur de Polytechnique Montréal a donc fait l’étude de quelques bandelettes et d’un amas de ruban adhésif.

M. Dubois a déterminé que la fillette était enroulée dans au moins cinq épaisseurs de ruban adhésif et « probablement plus à certains endroits ». Deux autres couches ont été appliquées dans l’angle « tête-pieds ».

Le professeur a également étudié l’adhésion de la colle et la force nécessaire pour décoller ou déformer le ruban adhésif.

« On peut penser que la force d’un enfant dans le groupe d’âge [de] 5 à 11 ans est capable de décoller partiellement des bandelettes de ruban adhésif qui auraient pu être placées près de son cou », a-t-il dit au jury. Un enfant du même groupe d’âge pourrait également déformer le ruban adhésif avec sa force, a-t-il ajouté.

Sur le nez et la bouche

L’accusée a raconté, en début de semaine, que l’enfant avait été enroulée dans du ruban adhésif pendant la nuit du 28 au 29 avril 2019. La belle-mère n’a pas entrepris la contention, mais elle a tenu les jambes de la fillette à un certain moment, a-t-elle expliqué. Le matin du 29, elle a ajouté « peut-être une dizaine de tours » autour du corps de l’enfant, puis elle a fait deux tours supplémentaires des pieds à la tête de la fillette. Elle a assuré que les voies respiratoires n’étaient pas obstruées.

Le fils de l’accusée, lors de son témoignage, a affirmé avoir vu du ruban adhésif sur le nez et la bouche de sa sœur lorsqu’elle a été trouvée nue et inanimée.

Depuis plus de quatre semaines, les procureurs de la Couronne tentent de démontrer que le ruban adhésif enroulé autour de la fillette a causé sa mort. La femme de 38 ans est accusée de meurtre au deuxième degré et de séquestration.

Les conclusions mises en doute

Le procureur de la Couronne, MJean-Sébastien Bussières, a sérieusement remis en question la méthodologie et les conclusions du professeur lors de son contre-interrogatoire.

Pour éviter de modifier les pièces à conviction, M. Dubois s’est procuré le même ruban adhésif que celui trouvé près de la chambre de la victime. Il a ensuite effectué des tests sur une chemise similaire à celle que portait l’enfant au moment d’être enroulée dans du papier collant.

Le professeur n’a pas pris en considération l’adhésion du ruban sur la peau et les cheveux d’un enfant. Il a reconnu que la sueur de la fillette aurait pu avoir un effet sur l’adhérence de la colle.

Le témoin n’a pas non plus tenu compte du poids, de la taille et de la masse musculaire de la fillette dans ses calculs. Une pathologiste a révélé, plus tôt dans le procès, que la fillette était « très maigre ».

« Elle était « en dessous du 0,1 % [des enfants] pour la grandeur ». Elle pesait 36 lb, ce qui la situait entre les percentiles 0 et 3.

« On est d’accord pour dire que la pression exercée [par l’enveloppe de plastique], vous n’avez aucune donnée pour ça ? », a demandé MBussières. « On n’a pas de données sur la pression dans le contexte », a répondu le témoin.

« Vous ne pouvez pas donner de conclusion sur sa capacité à respirer », a ajouté le procureur.

« Non », s’est contenté de répondre M. Dubois.

La défense continuera la présentation de sa preuve jeudi