(Québec) La mort de l’ancien éditeur Michel Brûlé dans des circonstances troubles au Brésil, alors qu’il attendait une peine pour agression sexuelle, vient finalement d’être reconnue par le tribunal.

L’homme de 56 ans est mort en mai dernier. Mais la Couronne tardait à reconnaître le décès jusqu’à maintenant.

La poursuite a toutefois déposé, mardi au palais de justice de Québec, cinq documents officiels traduits du portugais qui prouvent sa mort, comme son certificat de décès et le rapport d’identification du cadavre. Les empreintes digitales du cadavre ont aussi été comparées à celles au dossier de M. Brûlé. Elles concordent.

« J’annonce l’arrêt des procédures », a tranché le juge Sébastien Proulx.

Le fondateur de la maison d’édition Les Intouchables avait été déclaré coupable d’agression sexuelle en octobre 2020. Il était parti vivre chez son frère au Brésil en décembre de la même année.

Puis, le 26 mai dernier, M. Brûlé ne s’était pas présenté lors d’une audition sur la peine. Il avait expliqué ne pas avoir été en mesure de se connecter par visioconférence. La cour avait lancé un mandat d’arrêt.

Cinq jours plus tard, coup de théâtre : l’homme est mort à la suite d’un accident de vélo.

Une soirée traumatisante

Les faits remontent à mars 2014. La victime s’était présentée au bureau de Brûlé pour discuter d’un projet littéraire. La maison d’édition, Les Intouchables, se trouvait dans son sous-sol.

L’éditeur l’invite à monter chez lui où il se met à cuisiner des spaghettis et lui offre du vin. M. Brûlé commence ensuite à se raser la barbe et l’invite à prendre une douche. Elle refuse et lui rappelle qu’elle est là pour son manuscrit.

L’homme commence alors à l’embrasser et la toucher sur tout le corps. Elle s’oppose et dit « non » à plusieurs reprises. « L’accusé est plus grand qu’elle et plus costaud. Elle s’enfuit », a décrit le juge en rappelant le témoignage de la victime.

« Je vais te publier, je vais te publier », aurait alors crié l’éditeur à la plaignante en fuite.

Brûlé avait fait valoir devant la cour que la femme lui avait envoyé plusieurs signaux interprétés par lui comme une invitation. Il avait dit avoir pu « lire du désir » dans ses yeux.

Le juge n’a pas cru cette version. Il a aussi rappelé que jamais elle n’avait donné son consentement. Des proches de la victime ont témoigné à quel point elle avait été traumatisée par cette soirée.