Le fils du propriétaire de Fairmount Bagel et une femme de 25 ans ont été retrouvés sans vie dans un appartement de la rue Saint-Urbain, dans le Mile End à Montréal, au cours de la nuit de jeudi à vendredi. Tout indique qu’il s’agirait d’un meurtre suivi d’un suicide.

Au milieu de la nuit de jeudi à vendredi, Daniel Shlafman, 31 ans, fils du propriétaire de Fairmount Bagel, aurait contacté un membre de sa famille d’un appartement de la rue Saint-Urbain, à l’angle de l’avenue Fairmount Ouest. L’immeuble, situé à un jet de pierre de la boulangerie Fairmount Bagel, appartient aux propriétaires de l’établissement.

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Des voisins immédiats de l’appartement où s’est déroulé le drame remplissent un rapport de police.

Un employé de l’institution montréalaise aurait d’abord été envoyé sur les lieux pour voir ce qui se passait. À l’entrée de l’appartement, la vision du cadavre de la femme lui aurait fait tourner les talons. Le membre de la famille se serait ensuite rendu dans le logement et aurait appelé le 911.

Arrivés sur place vers 3 h 15, les policiers ont trouvé le corps de la première victime. En inspectant l’appartement, ils ont ensuite découvert celui de Daniel Shlafman.

Selon nos informations, la femme aurait été poignardée et Daniel Shlafman se serait infligé des blessures par arme blanche. La scène était baignée de sang, avec de nombreuses marques de conflit et de violence.

L’hypothèse d’un double meurtre n’est toutefois pas écartée par le SPVM

L’identité de la femme n’était pas encore connue en fin de journée vendredi, ni la nature de son lien avec Daniel Shlafman. Il pourrait s’agir du 18e féminicide dans la province en 2021.

Un périmètre de sécurité a été établi par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) rue Saint-Urbain pour protéger la scène, à l’aube vendredi. Le soleil venait à peine de se lever, à 7 h 30, lorsqu’une équipe de techniciens judiciaires est entrée dans un immeuble. Elle s’y trouvait toujours en fin de journée.

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La boulangerie Fairmount Bagel, dans le Mile End

« Il n’avait pas le droit d’être en chicane »

Les enquêteurs de la section des crimes majeurs du SPVM sont chargés de l’enquête pour tenter d’éclaircir les circonstances de l’évènement. Des témoins ont été rencontrés vendredi et du porte-à-porte a été effectué pour établir quel lien unissait Daniel Shlafman et la victime. Les images des caméras autour du périmètre ont été visionnées. Une autopsie des corps permettra d’en apprendre davantage sur les circonstances du possible meurtre.

« Lui [Daniel Shlafman], il n’a pas le droit d’être en chicane, parce qu’il fait partie d’une histoire centenaire », a lancé aux médias un commerçant voisin d’un ton ému, avant que les détails du drame ne soient révélés. Le commerçant a préféré ne pas être nommé, par respect pour la famille Shlafman, qui possède Fairmount Bagel depuis plus de 100 ans.

Le voisinage médusé

Le 5 novembre 2021 risque de rester gravé dans les annales de ce quartier tranquille de Montréal. Ici, des institutions montréalaises se sont transmises de génération en génération, dans un quartier au voisinage tissé serré. Vendredi, toutefois, c’était l’inquiétude qui dominait dans les conversations murmurées des passants, assemblés autour des commerces. Les propriétaires, qui se connaissent depuis des décennies, étaient sous le choc.

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Sharon Wilensky, propriétaire de Wilensky

« Je me sens vraiment mal, ça me fait de la peine, a confié à La Presse Sharon Wilensky, propriétaire de Wilensky, fameuse sandwicherie juive ouverte à Montréal en 1932. Je connais Irwin depuis de nombreuses années », a-t-elle ajouté en faisant référence à Irwin Shlafman, copropriétaire de Fairmount Bagel et père de Daniel. « Mais je ne connaissais pas ses enfants », a-t-elle précisé.

Toujours sur l’avenue Fairmount Ouest, Nat Scalia, propriétaire du Caffè Grazie Mille, n’a pas caché son étonnement.

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Nat Scalia, propriétaire du Caffè Grazie Mille

C’était un gars super calme [Daniel Shlafman]. Je ne l’ai jamais vu fâché. Je ne m’attendais pas à ça dans ce coin-ci.

Nat Scalia, propriétaire du Caffè Grazie Mille

Pour Angela Amigo, cliente et ancienne employée du Caffè Grazie Mille, l’histoire est effrayante. « Mon fils va à l’école ici, c’est inquiétant pour les parents, a-t-elle confié. [Ce quartier], c’est comme une famille. »

Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse