(Laval) Au procès d’un adolescent de 16 ans accusé du meurtre de son meilleur ami de 15 ans, le frère de la victime a admis lundi avoir menti aux policiers, parce qu’il avait « peur que les gens pensent que c’était un guet-apens ». Les trois jeunes qui se sont battus avec l’accusé ont tous livré des versions différentes pendant le procès.

Peter*, le frère de la victime, est le dernier témoin de la Couronne au procès de Théo, jugé pour le meurtre au premier degré de Max*. L’adolescent de 15 ans est mort poignardé dans un parc du quartier Fabreville, à Laval, le 1er janvier 2020. Après un mois de procès en Chambre de la jeunesse, aucun témoin n’a affirmé avoir vu le coup fatal.

Jusqu’aux vacances des Fêtes, les frères Peter et Max ainsi que l’accusé étaient des amis inséparables qui jouaient tous les jours au populaire jeu en ligne League of Legends. Mais une banale chicane sur les réseaux sociaux au sujet d’une fille a provoqué une escalade d’insultes. « Ça a commencé par rien », résume Peter. Mais à la suite de menaces lancées par Théo, les frères ont voulu « régler ça par des paroles » au parc Marc-Aurèle Fortin.

« J’avais une idée que ça pouvait dégénérer. Je ne suis pas naïf à ce point », concède Peter. Avant de se rendre au rendez-vous, Peter disait d’ailleurs à son frère qu’il allait « casser la gueule » de Théo.

Alors que les deux frères arrivent au parc accompagnés de trois amis, Théo, lui, est seul. Selon Peter, Théo s’approche d’eux, les mains dans les poches. Peter le prend alors par le col pendant que son frère lui donne un coup de poing. S’en suivent des « échanges » de coups entre les trois ados. Pendant la bagarre, Théo tient fermement le capuchon de Peter, ce qui l’empêche de bien voir, explique-t-il. Peter, lui, tente de faire trébucher son adversaire.

C’est lorsque Théo tombe finalement qu’il sort son couteau, selon Peter. « C’est très flou dans ma tête. J’ai vu Théo qui tenait le couteau. C’est tout ce que je voyais », a-t-il vaguement décrit lundi. Il n’a donc pas vu le coup mortel reçu par son frère.

Mais après le drame, Peter était beaucoup plus précis en décrivant la scène aux policiers. Il mimait de façon convaincante comment il avait « bloqué » le bras de Théo pour le forcer à lâcher son couteau. Il racontait également que Théo avait d’abord tenté de le frapper, mais qu’il avait esquivé le coup.

« J’aurais beaucoup de modifications à faire, parce que j’étais sous le choc », s’est-il défendu. S’il a « menti » aux policiers à deux reprises, c’était qu’il était « traumatisé » par les évènements, jure-t-il. « J’étais immature », répète-t-il dans un contre-interrogatoire serré mené par MGuy Poupart.

L’un des jeunes, Nick*, a déjà témoigné que le plan initial était de « tous sauter » sur Théo. Les amis avaient d’ailleurs préparé la bagarre au McDonald’s juste avant le rendez-vous. Selon Nick, les frères ont donné de 10 à 15 coups à l’accusé. Et lorsque celui-ci a brandi son couteau, ils étaient quatre « sur lui ». Un autre adolescent, Carl*, a affirmé avoir donné une dizaine de coups à l’accusé, aux côtés des frères.

Après son arrestation, Théo a dit aux policiers être tombé dans un « guet-apens ».

Le contre-interrogatoire de Peter se poursuit mardi.

*Prénoms fictifs