Un homme de 27 ans de Gatineau soupçonné d’avoir vendu de faux certificats ontariens de vaccination contre la COVID-19 à des Québécois pour leur permettre d’obtenir illégalement des codes QR fait face à plusieurs chefs d’accusation de fraude.

Pierre Patry a été arrêté par la police d’Ottawa au terme d’une enquête qui a débuté à la mi-septembre.

Selon nos informations, le Gatinois vendait à des Québécois de faux « récépissés de vaccination pour la COVID-19 » prétendument délivrés par le ministère de la Santé de l’Ontario. Il aurait utilisé le même stratagème avec les Ontariens en leur vendant de faux certificats de vaccination du Québec.

« Si vous lui donniez une carte d’assurance maladie du Québec, il vous donnait un faux certificat de vaccination de l’Ontario. Si vous lui donniez une carte d’assurance maladie de l’Ontario, il vous fournissait un faux certificat de vaccination du Québec. Dans tous les cas, il s’agissait de faux documents PDF », résume le porte-parole de la police d’Ottawa, Shaun Wahbeh.

Les acheteurs, qui payaient 1400 $ pour le document contrefait, se rendaient ensuite dans un centre de vaccination de leur province pour faire valider le vaccin. Après une rapide vérification, le gouvernement leur fournissait un code QR valide.

Le stratagème, dont La Presse a rapporté les grandes lignes le 15 octobre, profitait du fait que le ministère québécois de la Santé et des Services sociaux n’aurait fait aucune vérification auprès de son homologue ontarien, et vice-versa, pour s’assurer de la validité des certificats. « Il n’y avait pas de vérification de part et d’autre des agences », affirme M. Wahbeh.

« Faire cesser l’hémorragie »

Le Service de police d’Ottawa affirme qu’il a contacté les corps policiers québécois pour partager de l’information. « Les gens qui ont acheté ces faux certificats sont susceptibles de se faire accuser au criminel. Nous sommes intéressés à collaborer avec tous les corps policiers pour faire cesser l’hémorragie et accuser les responsables. C’est l’intégrité de notre système de santé qui en est affectée », a indiqué M. Wahbeh.

Tous les ministères concernés ont été informés du problème dès le début de l’enquête, mais à cause de la confidentialité entourant les documents médicaux, il a été difficile d’obtenir leur collaboration.

Shaun Wahbeh, porte-parole de la police d’Ottawa

Le cabinet du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, n’a pas voulu réagir à ces informations.

Il est impossible de savoir à ce stade combien de passeports vaccinaux ont été délivrés dans le cadre de cette fraude présumée. Une source confidentielle a affirmé à La Presse que des codes QR ont été produits dans la région montréalaise malgré des doutes qui persistaient sur l’authenticité des certificats de vaccination ontariens présentés par certaines personnes au comportement louche. Certains certificats forgés indiquaient exactement la même date et heure de vaccination, le même lieu de vaccination ontarien situé à 550 km de Montréal, et les mêmes noms de vaccinateurs d’un faux document à l’autre.

Selon une source confidentielle, la fréquence du stratagème impliquant ces faux documents ontariens a diminué depuis la publication de notre article, à la mi-octobre. L’utilisation de certificats de vaccination américains douteux serait depuis à la hausse.

Le suspect arrêté par la police d’Ottawa a été officiellement accusé de deux chefs d’emploi d’un document contrefait, de deux chefs de contrefaçon, de complot visant la perpétration d’un acte criminel, de possession de produits de la criminalité et de recyclage de produits de la criminalité. Il est également soupçonné de possession d’une substance réglementée en vue d’en faire le trafic. Il a été libéré sous conditions avec promesse de comparaître à une date ultérieure.