Même si Maxime Chicoine-Joubert ne souffre d’aucune maladie mentale, deux psychiatres ont témoigné cette semaine à son procès pour meurtre. S’il a bel et bien poignardé Simon-Olivier Bendwell en juillet 2019, ce n’était pas une « décision réfléchie » en raison de son intoxication par l’alcool, soutient l’expert de la défense.
La présentation de la preuve s’est conclue par une preuve d’experts mercredi au procès de Maxime Chicoine-Joubert. L’homme de 26 ans est accusé d’avoir assassiné un jeune homme de 18 ans croisé par hasard au centre-ville de Montréal, en le poignardant dans le dos. « La colère et l’agressivité de l’accusé ont culminé avec une attaque au couteau envers Simon-Olivier », selon la théorie de la poursuite.
Maxime Chicoine-Joubert avait consommé des quantités importantes d’alcool, ainsi que du cannabis et de la cocaïne, en fêtant avec ses amis ce soir-là. Il a affirmé au jury, la semaine dernière, n’avoir aucun souvenir de la fin de la soirée après avoir bu une deuxième bouteille de vodka. L’accusé a toutefois assuré qu’il « n’était pas armé » ce soir-là, et que cela n’était pas son « caractère habituel » de se battre.
Deux psychiatres d’expérience ont témoigné cette semaine pour clore la preuve, le Dr Louis Morissette pour la défense et le Dr Gilles Chamberland pour la Couronne. Les deux experts s’entendent sur le fait que Maxime Chicoine-Joubert n’avait aucun problème psychiatrique au moment des évènements.
Leur diagnostic diffère toutefois sur l’impact qu’a eu l’intoxication de Maxime Chicoine-Joubert sur son jugement – dans l’hypothèse où il aurait poignardé la victime. À ce sujet, le Dr Chamberland prend soin de faire une mise en garde « importante » dans son rapport, puisqu’il est peu commun de se prononcer sur l’état mental d’un accusé qui n’admet pas son crime. « Il serait illogique de tenter de cerner l’état mental d’un individu au moment d’un délit qu’il n’aurait pas commis », dit même le psychiatre.
Selon le Dr Chamberland, Maxime Chicoine-Joubert surévalue sa consommation d’alcool le soir des évènements. En effet, un chimiste spécialisé en toxicologie a conclu que l’accusé présentait environ 600 mg en pourcentage d’alcool dans son sang, un dosage qui provoque la « mort » ou le « coma profond », selon le Dr Chamberland. Or, selon les vidéos en preuve, l’accusé était « alerte » et affichait une démarche « relativement assurée » dans les minutes cruciales.
L’expert de la poursuite conclut que les facultés de l’accusé n’étaient pas affectées « au point de dire que ces facultés étaient perdues ou qu’elles étaient absentes ». Le Dr Chamberland ajoute dans son rapport que l’accusé était « agressif » au moment des évènements et que « tout se passe comme s’il cherchait à défouler cette colère ». D’ailleurs, Maxime Chicoine-Joubert présente des traits de « personnalité antisociale », selon le psychiatre.
Au terme d’une rencontre d’une heure avec l’accusé, le Dr Louis Morissette conclut pour sa part que le « jugement habituel, la capacité d’analyse et la capacité "d’action" de monsieur étaient significativement perturbés » par son niveau élevé d’alcoolémie et par son intoxication à la cocaïne, dans une moindre mesure.
« Est-ce qu’il a réagi de façon explosive, non adaptée, beaucoup trop agressive ? Est-ce que l’alcool peut avoir contribué en grande partie à ça ? La réponse est oui », a expliqué mardi au jury le Dr Morissette.
Aux yeux du témoin de la défense, si Maxime Chicoine-Joubert a donné le coup de couteau, il s’agit « plus d’une réaction que d’une action ». « C’est l’impulsivité. C’est une mauvaise analyse de la situation. C’est un geste qui n’est pas adapté à la situation qui est la réalité. Est-ce que la substance peut amener un tel manque de jugement ? La réponse est oui », a-t-il témoigné.
« C’est pas une décision réfléchie, s’il a donné le coup de couteau », a-t-il précisé au jury pendant son témoignage.
Quelques semaines avant le meurtre, Maxime Chicoine-Joubert avait montré des signes d’agressivité à l’égard de policiers, alors qu’il était en état d’ébriété. Le jeune homme avait reçu un constat d’infraction pour s’être retrouvé couché sur la rue Sherbrooke en pleine nuit.
Selon le constat présenté au jury, Maxime Chicoine-Joubert a dû être menotté par les policiers parce qu’il était « trop agressif » et qu’il avait foncé sur un agent. L’accusé affirme n’avoir aucun souvenir de cet évènement.
Le procès se poursuit la semaine prochaine avec les plaidoiries.
Me Katerine Brabant et Me Louis Bouthillier représentent le ministère public, alors que l’accusé est défendu par Me Marie-Hélène Giroux et Me Cynthia Payer.