(Saint-Donat) Arrêté mardi, le conjoint d’Andréanne Ouellet, retrouvée morte dans sa demeure plus tôt cette semaine, est maintenant accusé de meurtre non prémédité. Les disputes étaient fréquentes et de plus en plus violentes, rapportent les proches et le voisinage, ébranlés par cette triste histoire.

Dans un cul-de-sac paisible de Saint-Donat entouré d’un boisé, les arbres prennent les couleurs de l’automne. Dans ce secteur isolé, un terrible évènement s’est produit. Andréanne Ouellet, mère de cinq enfants, est morte dans son domicile. Le principal suspect dans ce dossier est son conjoint, Alexandre Boudreau Chartrand. Il a comparu au palais de justice de Joliette mercredi après-midi.

Personne dans le voisinage n’est vraiment surpris. La relation du couple était « tumultueuse, toxique » et ponctuée de « propos violents d’un bord comme de l’autre », explique la propriétaire du terrain adjacent au lieu où s’est joué le drame.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK D’ANDRÉANNE OUELLET

Andréanne Ouellet

« On s’attendait à pire. On avait peur d’un drame qui implique les enfants, car on voyait ça aller et on se disait : “Un jour, ça va éclater” », a-t-elle dit mercredi matin.

Une semaine avant la tragédie, les cinq jeunes enfants ont été confiés à des proches du couple.

« Je pense aux enfants. Ils sont seuls pour affronter ça », sanglote Julie Leclerc, amie proche de la victime et de son conjoint, désemparée. Dans la dernière semaine, elle a gardé trois des cinq enfants du couple. Aucun enfant ne se trouvait dans le domicile au moment des faits.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Julie Leclerc, amie proche de la victime et de son conjoint

Le couple avait connu des hauts et des bas, et tentait de se rabibocher. Malgré ses fréquentes ruptures, il continuait à se voir. « Il y a beaucoup d’amour et de haine dans cette histoire. Je ne croyais jamais que ça se rendrait là. »

Les enfants étaient absents depuis quelques jours, se console l’amie, qui garde temporairement trois des cinq enfants du couple depuis la semaine dernière.

Trois voisins ont confirmé à La Presse avoir joint la police à plusieurs reprises en lien avec des disputes. « Elle criait. Il hurlait. On savait qu’elle n’avait pas le droit d’être là, et on avait l’impression que le père consommait. On ne savait pas quoi faire à part appeler au secours », indique l’un d’entre eux, qui ne souhaite pas être nommé.

Tiffany Branzo a enseigné le patinage à l’aînée des enfants d’Andréanne Ouellet pendant quatre ans – cette dernière était d’ailleurs bénévole au club de patinage artistique de Saint-Donat. Depuis deux ans, avec la pandémie, elle n’avait plus de nouvelles de la victime, qu’elle côtoyait chaque semaine.

Mme Branzo a appris la mort de la mère de famille avec une grande tristesse et une pointe de culpabilité. « Quand je l’appelais chez elle, je tombais sur son conjoint, qui me raccrochait carrément au nez. Je demandais à parler à Andréanne au sujet du patinage. Il me disait carrément de la laisser tranquille. Je trouvais ça spécial. »

Elle regrette de ne jamais avoir cherché à comprendre ce qui n’allait pas. « J’avais cette impression que ça allait mal, mais elle n’en parlait jamais. Jamais elle ne mentionnait son conjoint. Je ne l’ai jamais vu aux spectacles ou aux entraînements. Quand j’ai vu la nouvelle, ça m’a bouleversée, car on se rappelle tous ces petits détails. Peut-être que j’aurais dû intervenir. »