Cocaïne, shooters, bouteilles de vodka : Maxime Chicoine-Joubert avait fait « le party » dans les bars le soir de la mort de Simon-Olivier Bendwell. Mais ce soir-là, « Maxime était fâché », selon un ami. C’est donc tout juste après avoir effrayé l’employé d’un restaurant que l’accusé s’en est pris à la victime, croisée sur le trottoir.

C’est ce qui ressort du témoignage d’Éric Pierre-Louis jeudi au procès devant jury de Maxime Chicoine-Joubert, accusé du meurtre prémédité de Simon-Olivier Bendwell. Selon la Couronne, le jeune homme de 18 ans a été assassiné sans raison apparente par un homme « agressif », le soir du 28 juillet 2019, dans le Quartier des spectacles de Montréal.

« Quand [Simon-Olivier Bendwell] tente de s’éloigner et de traverser la rue, l’accusé va l’attaquer d’un coup de couteau dans le dos. Ce soir-là, la colère et l’agressivité de l’accusé ont culminé avec une attaque au couteau envers Simon-Olivier », a affirmé la procureure de la Couronne au début du procès.

Le jour en question, Maxime Chicoine-Joubert arrive en après-midi au centre-ville de Montréal pour fêter avec ses amis Éric Pierre-Louis et Jean-Philippe Dumaine. Pendant des heures, les trois hommes consomment de la cocaïne et des quantités importantes d’alcool, a raconté au jury Éric Pierre-Louis.

La nuit n’est pas tombée que Maxime Chicoine-Joubert s’emporte contre un employé d’un restaurant Subway. « Il y avait des échanges verbaux qui étaient hostiles. [Maxime] était insulté, il était offensé. Il n’était pas calme », a expliqué Éric Pierre-Louis. Selon lui, le caissier avait cependant une attitude « impolie ».

Quelques heures plus tard, en sortant du bar où ils font « le party », l’accusé est « vraiment soûl ». Il est toujours « fâché » de son altercation verbale avec l’employé du Subway. « Il était encore insulté, visiblement », a témoigné son ami.

C’est alors que Jean-Philippe Dumaine entre dans le Subway, suivi de l’accusé. Les deux hommes semblent plutôt agressifs, selon les vidéos de surveillance présentées au jury. « Maxime est en train de gueuler avec l’employé. [Maxime] est fâché. Il crie. Je vois que [l’employé] a peur et qu’il a le téléphone dans les mains », a raconté le témoin.

C’est tout juste en sortant du restaurant que les trois hommes croisent « deux jeunes », la victime et un ami, à l’intersection des boulevards Saint-Laurent et De Maisonneuve. « Eux et Maxime s’échangent des mots et ça devient hostile, ça devient un peu violent. Ils parlent. J’essaie de calmer la situation. […] Maxime est énervé. Il parle fort aux jeunes », a décrit Éric Pierre-Louis.

Sur des vidéos montrées au jury, on peut voir l’accusé, vêtu d’une chemise bleu pâle, en train de pousser l’ami de la victime. Sur les images, Éric Pierre-Louis semble retenir son ami au début de l’altercation. « J’essaie de les séparer », a-t-il relaté.

IMAGE TIRÉE D’UNE VIDÉO DÉPOSÉE EN COUR

Sur la vidéo, on peut voir l’accusé, Maxime Chicoine-Joubert (en bleu à droite), en train de pousser l’ami de la victime, Alexander Fitchev. La victime, Simon-Olivier Bendwell, est en blanc au centre de l’image. Le témoin, Éric Pierre-Louis, est en noir à côté de l’accusé.

Selon la théorie de la Couronne, c’est dans les secondes suivantes que Maxime Chicoine-Joubert a poignardé Simon-Olivier Bendwell. Sauf que ces images cruciales n’ont pas été enregistrées en raison d’un bogue technique. Sur une autre vidéo, on peut toutefois voir un homme s’effondrer en pleine rue.

Questionné par la procureure de la Couronne, MKaterine Brabant, Éric Pierre-Louis a nié avoir poignardé la victime ce soir-là. Il a aussi maintenu n’avoir jamais vu de couteau dans les mains de l’accusé. Après l’altercation, les trois amis sont simplement partis en direction de leur véhicule.

C’est seulement le lendemain qu’Éric Pierre-Louis apprend la mort d’un homme la veille, lorsque Maxime Chicoine-Joubert lui envoie un article. « Je suis en panique. Ça se peut-tu que ce soit lui [Maxime] ? J’ai-tu de quoi à voir là-dedans ? », s’est remémoré le témoin.

À la suggestion de l’accusé, Éric Pierre-Louis se « débarrasse » alors de tous ses vêtements en les jetant dans une poubelle du quartier. Il jette ensuite son téléphone cellulaire « dans la nature ». Mais pourquoi ? « C’est moi qui capotais. J’étais en panique. Il n’y avait rien en particulier. Je voulais me départir de ce que j’avais sur moi », s’est défendu le témoin, qui ignore si l’accusé l’a imité.

Dans sa déclaration d’ouverture, MBrabant a souligné que la « seule personne » armée d’un couteau ce soir-là était Maxime Chicoine-Joubert. « Vous remarquerez [sur les images] également la rapidité avec laquelle l’accusé sort son couteau, sans raison, lorsqu’il croise Alexander et Simon-Olivier », a fait valoir MBrabant.

MMarie-Hélène Giroux défend l’accusé. Le procès se poursuit ce vendredi.