Trente grammes de pot et une console de PS4. C’est pour ce maigre magot que Tristan Boudreau-Boyer a été poignardé dans le cœur devant son père pendant une invasion de domicile menée par une bande de jeunes, il y a deux ans, à Lachute. Le tueur, Bryan Steven Canas Escobar, a été condamné à 18 ans de détention mardi.

« Vous n’avez pas juste tué mon frère, vous avez tué une partie de chaque personne qui a connu Tristan : un ami, un cousin, un oncle, un beau-fils », a sangloté Lisa Boudreau-Boyer, la sœur de la victime. De nombreux proches de Tristan Boudreau-Boyer se sont adressés aux trois jeunes accusés mardi au palais de justice de Saint-Jérôme, lorsque ceux-ci ont reconnu leur culpabilité devant la juge France Charbonneau.

« Je vis avec une peine incroyable dans mon cœur. Vous m’avez arraché une partie de moi. Je pense à lui tous les jours », a confié à la cour, la voix brisée, sa copine Jennyfer Bérubé-St-Georges. « Tristan a eu un parcours vraiment difficile. Vraiment, il ne l’a pas eu facile dans la vie… Qu’il soit parti comme ça, je ne serai jamais capable de pardonner ça », a lâché une autre proche en regardant les accusés.

Le soir du 19 janvier 2020, Bryan Steven Canas Escobar veut faire « une job ». Il se procure ainsi deux armes longues, dont au moins un calibre .12, avec ses trois complices, Ehrlich R. Edmont, Guerby Osmang Jr Jean et Anthony Zepeda Mendoza.

Avec l’aide d’un autre complice, Alexandre Roy-Larose, les cinq hommes choisissent le premier lieu de leur bust à Lachute. Ils ciblent un petit vendeur de stupéfiants bien connu dans le but de lui voler sa drogue et son argent. « Bouge pas ou je tire », crie alors Ehrlich R. Edmont, armé d’un pistolet. Ils repartent toutefois les mains vides.

Insatisfait de ce coup peu fructueux, le groupe décide de s’en prendre à Tristan Boudreau-Boyer, connu à Lachute comme un vendeur de cannabis à petite échelle. Vers 4 h du matin, un membre du groupe sonne à la porte. Le père de la victime, Donald Boyer, est alors aspergé de « poivre de Cayenne » (gaz poivré).

Tristan Boudreau-Boyer sort de sa chambre complètement nu. Il est sans défense. Ehrlich R. Edmont lui éclate alors la tête avec un « bong » en vitre. C’est à ce moment que Bryan Steven Canas Escobar poignarde Tristan Boudreau-Boyer à deux reprises, dont un coup mortel directement dans le cœur. Tout ça devant Donald Boyer, à nouveau aspergé de poivre par les assaillants. Guerby Osmang Jr Jean en profite pour s’emparer d’une PS4.

Le tueur « assume » ces gestes

« M. Escobar a agi lâchement à l’égard d’une personne sans défense qu’il connaissait et qui ne lui avait rien fait. Pourquoi ? Trente grammes de pot. C’est pour ça qu’on est ici », a résumé le procureur de la Couronne, Me Steve Baribeau. « On s’en est pris à quelqu’un qui était couché. Qui était chez lui. Quelqu’un qui n’était pas capable de se défendre », a-t-il renchéri.

Même si l’accusé avait 18 ans à l’époque et n’avait pas d’antécédents judiciaires, les avocats ont suggéré une peine conséquente de 18 ans d’emprisonnement. La juge Charbonneau a entériné celle-ci. En raison de la détention préventive, il lui reste cependant 14 ans et demi à purger.

Dans le box, Bryan Steven Canas Escobar a déclaré « assumer » ses gestes. « Je sais que des excuses ne vont rien changer. Chaque jour, depuis que ça s’est produit et pour le reste de ma vie, je vais penser à Tristan », a déclaré l’homme de 20 ans défendu par Me David Petranic.

Deux autres hommes, Alexandre Roy-Larose et Gherby Osmand Jean, ont plaidé coupable à plusieurs chefs d’accusation, dont l’homicide involontaire de M. Boudreau-Boyer. Si les deux hommes n’ont pas poignardé la victime, ils faisaient toutefois partie d’un groupe ayant eu « l’intention commune » de commettre un crime.

Gherby Osmand Jean a été condamné à cinq ans d’incarcération, alors qu’Alexandre Roy-Larose fait face à une peine de cinq ans et demi. La peine a toutefois été reportée à décembre prochain. « C’est vraiment triste, ce qui est arrivé. C’est pas ça qu’on voulait. Chaque jour, j’y pense. Ça fait quelque chose en moi », a déclaré Gherby Osmand Jean, défendu par Me Dominic Côté. Me Martin Latour représentait l’autre accusé.

Un quatrième complice, Ehrlich R. Edmont, a écopé d’environ cinq ans de détention en juillet 2020.