Six jours après que la libération conditionnelle de Raynald Desjardins eut été révoquée, c’est au tour de son présumé garde du corps de subir le même sort.

Les commissaires aux libérations conditionnelles du Canada ont décidé que Jean-Charles Denommé, qui a été vu par des policiers suivre le caïd en voiture lors de cinq déplacements, en plus de manger avec ce dernier sur une terrasse, le 18 mai dernier, demeurerait détenu, car, comme Desjardins, il a brisé une condition de ne pas fréquenter des individus ayant des antécédents criminels.

Tout comme Desjardins, Denommé a renoncé à son droit d’être entendu en audience par les commissaires. En revanche, il a rédigé des représentations écrites dans lesquelles il fait sienne la version donnée également par Raynald Desjardins.

Denommé nie avoir agi en tant que garde du corps pour Raynald Desjardins. Il écrit avoir connu ce dernier par le biais de la conjointe du caïd, qui l’a embauché pour effectuer des travaux de rénovation. Il explique que le 18 mai, il a suivi en voiture Raynald Desjardins, car il n’avait pas de GPS et ne savait pas où il devait s’arrêter pour faire des commissions.

Mais les commissaires ne l’ont pas cru.

« La Commission conclut que les non-respects des conditions et votre contact, à plusieurs reprises, rendent votre risque inacceptable. Selon les informations au dossier, la Commission considère comme sûr et convaincant que vous étiez vu à cinq adresses différentes avec un individu possédant un casier judiciaire et que vous étiez au courant de cela. Cela démontre que vous avez pris plusieurs décisions de briser cette condition. Quoique la Commission note votre version des faits est que c’est un hasard que vous l’avez rencontré dans le contexte des travaux que vous effectuiez pour la femme de celui-ci. La Commission accorde plus de poids aux informations dans votre dossier à l’effet que vous suiviez cet individu au cours d’une journée », écrivent notamment les commissaires dans leur décision.

Manque de transparence et trafic institutionnel

Ceux-ci reprochent également à Denommé de ne pas avoir parlé de ces rencontres avec Raynald Desjardins avec son agent de libération et que, depuis son retour au pénitencier, il aurait été impliqué dans une livraison de drogues par drone, ce qui a provoqué son transfèrement dans un établissement à sécurité maximale.

Jean-Charles Denommé purge depuis 2014 une peine de plus de dix ans pour gangstérisme, trafic de stupéfiants et possession d’une arme prohibée à la suite de son arrestation trois ans plus tôt dans une enquête baptisée Carcan par laquelle la Sûreté du Québec a démantelé des réseaux de trafiquants liés aux Hells Angels.

Dans la décision des commissaires, on apprend que Denommé nie son affiliation à une organisation criminelle et « qu’une fiche de désaffiliation a été déposée dans son dossier en mars 2015 ». Mais le nom de l’organisation est caviardé dans le document et on ne sait pas s’il s’agit des Hells Angels. Sa peine arrivera à échéance au début de 2024.

Quant à Raynald Desjardins, sa peine se terminera au début de l’été 2023, mais il pourrait obtenir une nouvelle libération d’office — au deux tiers de sa peine — à l’automne 2022.

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