L’étau se resserre autour du village de Sainte-Paule, où le petit Jake enlevé par son père est toujours recherché. La Sûreté du Québec (SQ) a des raisons de croire que le suspect, David Côté, 36 ans, possède une connaissance approfondie du milieu forestier et qu’il est armé. Il pourrait être à la recherche de matériel pour assurer sa survie dans la forêt et faciliter ses déplacements.

« C’est un gars qui connaît le secteur, qui connaît la forêt, explique le sergent Claude Doiron de la SQ. Pour lui, ça ne causerait aucun problème de survivre en forêt. »

Depuis jeudi, la SQ concentre principalement ses recherches autour de Sainte-Paule, à une vingtaine de kilomètres au sud de Matane, où David Côté et son fils Jake Côté, 3 ans, ont été vus pour la dernière fois, mardi, vers 17 h 15.

PHOTO FOURNIE PAR LA SÛRETÉ DU QUÉBEC

Jake Côté, 3 ans, portait un t-shirt bleu avec des lignes de couleur argent sur les manches quand il a été vu pour la dernière fois.

Le véhicule tout-terrain à bord duquel Côté s’est enfui avec son fils a été repéré le lendemain dans le secteur de Sainte-Paule visé par la police. L’alerte AMBER déclenchée pour retrouver l’enfant s’étend à tout le Québec et au nord du Nouveau-Brunswick, dont la frontière se trouve à 130 km du village.

Un homme impulsif

« Il est possible que Côté se soit déplacé à pied, soit vers des chalets, des caves, des dépendances du secteur pour assurer sa survie et celle de son enfant. Nous, c’est ce qu’on pense, indique le porte-parole de la SQ. On fait face aussi à un individu, il ne faut pas l’oublier, qui est possiblement armé et qui pourrait agir de façon impulsive. »

C’est pour cette raison que la Sûreté du Québec ne sollicite pas l’aide du public pour participer aux recherches et qu’elle demande aux gens de ne pas tenter d’intervenir.

Des hélicoptères de la SQ tournoient jour et nuit au-dessus de la région à la recherche d’indices depuis plus de 48 heures, tandis que d’autres policiers quadrillent le secteur à pied, à cheval, en VTT, en quads et avec des maîtres-chiens.

La SQ, qui a installé son poste de commandement dans les locaux de l’édifice municipal de Sainte-Paule, a aussi demandé l’aide de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et des Forces armées canadiennes pour les recherches aériennes.

C’est une belle région de villégiature, mais c’est en montagne. Il y a beaucoup d’arbres. C’est un petit village isolé dans les montagnes. Un endroit qui nous amène certaines difficultés parce que c’est un secteur forestier.

Claude Doiron, sergent de la SQ

Dans les circonstances, la SQ demande à la population de continuer à garder l’œil ouvert et de rapporter toute trace d’effraction, [tout] objet manquant ou déplacé, comme des outils, de la nourriture ou du matériel de subsistance.

« La moindre information peut faire avancer une enquête policière, dit M. Doiron. Aussi petite soit-elle, parfois, ça peut faire toute la différence. Il est important que les gens qui voient ou qui pensent qu’il pourrait s’agir de David Côté n’interviennent pas, mais qu’ils observent plutôt la direction qu’il peut prendre et qu’ils nous appellent via le 911. »

La SQ a aussi garé des véhicules et des quads dans le stationnement près de l’église Saint-Ulric, à 25 km du village. Pourquoi ? « Ils sont en stand-by au cas où on en aurait besoin dans ce secteur-là, explique le policier Doiron. Mais dans le cadre de l’opération, on utilise déjà des quads et des VTT en forêt. »

« On n’ose pas trop sortir »

Sainte-Paule, où beaucoup de jeunes familles viennent s’installer depuis quelques années, selon le maire du village Pierre Dugré, compte 250 habitants.

« C’est sûr et certain que ça ébranle tout le monde, assure le maire. Que quelqu’un disparaisse, c’est une chose. Mais quand on parle de jeunes enfants […], c’est sûr que ça affecte tout le monde directement. On a des enfants, on pense à bien des choses nous aussi dans ces cas-là. »

Micheline Lévesque habite à Sainte-Paule depuis 16 ans.

« On commence à fatiguer un peu, raconte-t-elle. On a l’hélicoptère qui passe pratiquement toutes les demi-heures la nuit. On ne dort pas beaucoup. C’est sûr qu’on commence à se poser toutes sortes de questions. L’hélicoptère passe tellement souvent qu’on s’imagine qu’il est encore dans le coin. On ne sait vraiment pas à quoi s’en tenir. On n’ose pas trop sortir parce que nous, sur le bord du lac, c’est du bois tout le tour. »

Il y a des policiers partout. Dans le village, on est arrêtés partout. Ils fouillent même nos voitures parce que, comme ils disent, ils ne prennent pas de risque au cas où quelqu’un serait pris en otage.

Micheline Lévesque, résidante de Sainte-Paule depuis 16 ans

Le suspect, David Côté, habite à Sainte-Paule depuis moins d’un an.

« J’ai vraiment peur »

Alain Fournier demeure aussi dans la petite municipalité. L’homme de 75 ans, qui possède cinq lots « côte à côte », n’ose plus sortir de chez lui, de peur de tomber sur le suspect armé. « Je n’y vais plus à cause de ça. J’ai peur qu’il soit sur un de mes lots. Ils disent qu’il est dangereux, qu’il est armé, et tout. Ça fait que je ne sors plus. J’ai vraiment peur, je ne me sens pas en sécurité. »

« Ça me fait quelque chose, pauvre petit gars », dit-il.

Rappelons que la dernière fois qu’il a été vu, David Côté portait un chandail foncé avec un logo noir et un pantalon cargo noir. Il mesure 1,70 m et pèse 82 kg. Il a les cheveux bruns et les yeux bleus.

Son fils Jake a les cheveux rasés. Il portait un t-shirt bleu avec des lignes de couleur argent sur les manches. Il y a un chiffre en motif de camouflage bleu sur son maillot : 6 ou 9, la police n’en est pas sûre. Il avait aussi un jeans bleu foncé et des bottes beiges.