L’ancien tueur à gages de la mafia devenu taupe pour la police, et qui a aidé celle-ci à résoudre les meurtres des frères Falduto, aurait été la cible d’au moins une demi-douzaine de tentatives d’assassinat et de complots, la plupart préparés par l’un de ses complices.

C’est ce que cet ancien tueur à gages, dont on doit taire l’identité, a raconté vendredi matin au procès devant jury de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, accusés d’avoir comploté et participé aux meurtres de Vincenzo et Giuseppe Falduto, abattus par la taupe elle-même, dans le garage de la propriété du couple à Saint-Jude, le 30 juin 2016.

Toujours contre-interrogé par MMylène Lareau, le témoin a raconté que l’un de ses complices présumés, surnommé Brad Pitt depuis le début du procès, a tenté de l’éliminer le 16 juillet 2015, près d’une maison de transition de Montréal, où il se trouvait. Mais le tueur a abattu la mauvaise personne.

« Je prenais toujours des chemins différents chaque fois que je sortais de la maison de transition pour aller travailler, car je savais que j’allais me faire péter », a-t-il dit.

Il a raconté qu’une autre fois, en décembre 2016, des individus qui fréquentent le bar Gianni lui ont demandé d’aller chercher une somme de 65 000 $ et deux Glock (pistolets) dans un secteur isolé du quartier Rivière-des-Prairies. Lorsqu’il s’est rendu sur les lieux du rendez-vous, il n’y avait personne. Il a appelé un complice qui lui a expliqué qu’il s’était désisté, ce qui l’a amené à conclure qu’on a voulu le tuer.

Une troisième tentative est survenue à l’été 2017, alors qu’il sortait d’une salle d’entraînement. Deux hommes, assis dans un Jeep Cherokee, se sont approchés de lui lorsqu’il a entendu « pow », sans être atteint. Il dit avoir couru vers les suspects, qui ont fui les lieux. « Je n’étais pas armé, car si je l’avais été, ils seraient morts. C’était des hos.. de poubelles de bandits avec des culottes lousses », a-t-il décrit.

Maison de la torture

Le témoignage de cet ex-tueur à gages est une véritable incursion dans les zones d’ombre des luttes intestines qui ont secoué la mafia montréalaise dans les dernières années.

Il a notamment raconté qu’après le meurtre de Vincenzo Spagnolo en octobre 2016, un certain Pinotte lui a raconté comment cela s’était passé, que quelqu’un a frappé à la porte, qu’une personne a répondu, que le tueur a demandé à parler à M. Spagnolo, que M. Vincenzo s’est approché et qu’il a été atteint de projectiles. Son fils, Nicola Spagnolo, était la cible à abattre, mais il n’était pas dans la maison familiale ce soir-là.

Le témoin a aussi décliné quelques noms et surnoms, vraisemblablement des personnes à éliminer : Burger King, Drunk, Gambler et Pastry.

Le tueur à gages a également affirmé que lorsqu’il a rencontré Salvatore Scoppa et Brad Pitt en juillet 2016, près de l’eau, après les meurtres des Falduto, il savait que la filature de la police était présente et il a dit que Scoppa n’était pas content. Par la suite, il aurait alors été question de tuer Nicola Spagnolo et un certain Jedi.

« Sal [Scoppa] nous a demandé de ramasser et de kidnapper Jedi, et de l’amener dans une maison qu’il avait dans le coin de Sainte-Anne-des-Plaines dans laquelle il y avait des caches, de faux murs et des chaînes pour attacher les gars et les torturer.

« Sal était comme la météo. Il avait ses sautes d’humeur. Parfois, c’était parce qu’il se faisait manipuler par Brad Pitt ou en raison des échos qu’il avait sur la rue », a poursuivi le témoin.

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