Un chirurgien oncologue réputé, Pierre Dubé, a été acquitté mercredi d’avoir volontairement écrasé le pied d’une agente de sécurité dans le stationnement de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Il s’agit d’un « malheureux accident » dû à « l’imprudence mutuelle », selon le juge Stéphane Brière.

« Certes, [Pierre Dubé] a pu être importuné et impatient, le 21 avril 2020, mais a-t-il voulu volontairement causer des blessures à Mme [Jade] Lemay ? La preuve ne le démontre pas hors de tout doute raisonnable », a conclu mercredi matin le juge de la Cour municipale de Montréal.

Sommité dans son domaine et directeur du programme de chirurgie générale de l’Université de Montréal, le DDubé faisait face à deux chefs d’accusation, soit voies de fait causant des blessures et avoir utilisé son véhicule comme une arme. Son procès s'est tenu en juin dernier.

Deux témoignages crédibles et fiables

L’affaire se déroule le 21 avril 2020 dans un stationnement de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, dans l’est de Montréal, alors que l’oncologue se rend au travail avec sa femme, infirmière. Or, Pierre Dubé affirme ignorer que l’établissement a modifié les accès aux stationnements, comme il n’a pas lu la note interne.

Ainsi, à son arrivée vers 8 h, l’agente de sécurité Jade Lemay s’interpose. Elle reconnaît le véhicule du DDubé, puisqu’elle était déjà intervenue auprès de lui au sujet des nouvelles directives. Elle se place ainsi de façon à lui bloquer physiquement l’accès, mais le DDubé avance tout de même son véhicule. Ce faisant, le pied gauche de la plaignante reste coincé sous la roue avant.

Le médecin spécialiste est « surpris et incrédule », puisque Mme Lemay ne présente « aucun signe de douleur ». Il ignore même lui avoir roulé dessus à ce moment. En effet, l’agente Lemay s’entretient pendant 20 secondes avec le conducteur sans jamais l’informer d’une douleur ou d’un malaise, alors que son pied est pourtant coincé sous la roue.

« Comment alors prétendre que [Pierre Dubé] avait l’intention de lui infliger des voies de fait en lui causant des lésions ? », s’interroge le juge Brière. « Ce contact est dû à l’imprudence mutuelle des deux intervenants. […] Il s’agit d’un malheureux incident et accident suite auquel Mme Lemay a souffert, souffre et souffrira probablement longtemps de séquelles », conclut-il.

En effet, la plaignante a subi de « sévères » blessures au pied. Au procès, elle a d’ailleurs témoigné « difficilement », assise ou à l’aide d’une canne, a souligné le juge, en qualifiant son témoignage de « crédible et fiable », à l’instar de celui de Pierre Dubé.

À sa sortie de la salle d’audience, Pierre Dubé n’a pas voulu s’adresser aux journalistes.