Le tueur à gages de la mafia devenu taupe pour la police et qui a participé à l’enquête sur les assassinats des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto, commis en 2016, aurait été la cible d’au moins sept tentatives de meurtre avant de collaborer pour la police, et c’est notamment par crainte pour sa sécurité qu’il aurait offert sa collaboration.

C’est ce qu’un enquêteur de la Sûreté du Québec (SQ) a raconté mercredi matin au procès devant jury de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, accusés d’avoir comploté les meurtres des frères Falduto et d’y avoir pris part.

Selon la théorie de la poursuite, c’est cette taupe – dont on doit taire l’identité en vertu d’un interdit de publication – qui a tué les deux frères Falduto dans le garage de la propriété de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, à Saint-Jude le 30 juin 2016.

Par la suite, les accusés auraient brûlé les corps à ciel ouvert durant des heures et jeté les cendres dans une rivière, en plus d’effacer toute trace du crime.

Le tueur à gages devenu agent civil d’infiltration (ACI) pour les enquêteurs de la SQ a piégé les deux accusés trois ans plus tard en les enregistrant et en les filmant à leur insu grâce à des dispositifs portatifs, durant des scénarios d’infiltration préparés avec les enquêteurs de la Sûreté du Québec, entre juillet et septembre 2019.

Contre-interrogatoire serré

Les avocates de Marie-Josée Viau et de Guy Dion fourbissent visiblement leurs armes en vue de la suite du procès. Elles passent au peigne fin toutes les déclarations écrites et orales faites par le tueur à gages de la mafia devenu collaborateur pour la police, et la façon dont ses policiers contrôleurs l’ont encadré, et ont noté et traité les informations.

Alors que MNellie Benoit a longuement interrogé, de façon serrée, l’enquêteur Stéphane Malenfant de la SQ, on a notamment appris que les motivations du tueur à gages à aider la police ont été la vengeance, le désir de changer de vie et de « faire arrêter les gens responsables de ses blessures physiques et sexuelles ».

« Il voulait faire arrêter les tueurs pour être en sécurité. J’ai compris qu’il ne se sentait pas en sécurité. Il a mentionné avoir été victime de sept ou huit tentatives de meurtre », a dit l’enquêteur Malenfant, toujours très en contrôle, au sujet du tueur à gages devenu ACI.

Comme autres facteurs de motivation, le tueur à gages voulait consulter un psychiatre pour gérer ses problèmes post-traumatiques, se faire opérer aux épaules et recevoir de l’argent – sans qu’aucun montant ne soit évoqué au départ.

Le témoin a confirmé que lors des premières rencontres des policiers avec l’ACI, il a été question de certains problèmes de santé physique et mentale, et de médication.

On a également appris que l’ACI était prestataire de l’aide sociale au moment de collaborer avec la police, qu’il n’aurait jamais payé d’impôts et qu’il avait une ordonnance pour consommer du cannabis à des fins médicales afin de soulager ses problèmes de santé, mais qu’il ne se le procurait pas à la Société québécoise du cannabis.

Des dettes de rue

Lors de ses premières rencontres avec la police, le tueur à gages a confessé deux « dettes de rue », la première de 10 000 $ pour avoir endommagé une moto appartenant à un « Libanais nommé Gaby » et la seconde pour avoir reçu 10 000 $ sur 15 000 $ d’un contrat pour blesser un certain Marc-André Lachance, sans toutefois avoir rempli sa tâche.

Outre MBenoit, MMylène Lareau, MAnnie-Sophie Bédard et MCristina Nedelcu assurent la défense des accusés alors que la poursuite est représentée par MIsabelle Poulin, MPascal Lescarbeau, MMarie-Christine Godbout et MKarine Cordeau, du Bureau de la grande criminalité et des affaires spéciales.

Le procès, qui se déroule au centre de services judiciaires Gouin et est présidé par le juge Éric Downs de la Cour supérieure, a fait relâche mercredi après-midi et reprendra jeudi avec la suite du témoignage de l’enquêteur Malenfant.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.