Un individu visé dans l’enquête sur les meurtres de Vincenzo et de Giuseppe Falduto a fréquenté la sœur de Marie-Josée Viau, accusée avec son conjoint, Guy Dion, d’avoir comploté l’assassinat des deux frères, à l’été 2016, et d’y avoir pris part.

C’est ce qu’on a notamment pu apprendre lundi matin au procès devant jury du couple Dion-Viau, qui a repris après une semaine de pause. Guy Dion et Marie-Josée Viau sont soupçonnés d’avoir comploté les meurtres commis le 30 juin 2016, de s’être débarrassés des corps en les brûlant à ciel ouvert sur leur propriété de Saint-Jude, en Montérégie, et d’avoir fait disparaître toute trace du crime.

Les meurtres ont été commis par un tueur à gages de la mafia devenu agent civil d’infiltration pour la police et qui a compromis les accusés en les enregistrant à leur insu avec un dispositif portatif.

La sœur de l’accusée, Stéphanie Viau, a témoigné et raconté avoir rencontré un homme sorti de prison en 2014. Un interdit de publication nous empêche de dévoiler l’identité de cet homme. On peut toutefois écrire qu’après la disparition des frères Falduto, un enquêteur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avait rencontré cet homme, qui avait enregistré un téléphone prépayé au nom de l’acteur Brad Pitt, et des policiers de la filature l’avaient ensuite suivi et observé en compagnie du mafieux Salvatore Scoppa.

Une Audi rachetée, prêtée et disparue

Stéphanie Viau a dit qu’à sa sortie de prison, cet homme possédait une Audi A4 argent ou grise, au nom d’une tierce personne, qu’elle a décidé d’acheter et de mettre à son nom, pour solidifier leur relation.

Elle a vu cet homme dans une voiture dans laquelle se trouvait une boîte de chaussures contenant une arme à feu. Elle a ajouté qu’en 2015, « l’individu était toujours sur les nerfs » et qu’il a déjà conduit une moto.

Elle a également raconté qu’à l’été 2016, l’individu l’a amenée à un barbecue durant lequel il lui a présenté Salvatore Scoppa.

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Le mafieux Salvatore Scoppa.

Stéphanie Viau a également décrit qu’un jour, l’homme l’a appelée et lui a demandé d’amener ses enfants chez sa sœur Marie-Josée, de passer lui chercher des vêtements et de les lui apporter dans un restaurant.

Elle a aussi dit que les accusés Marie-Josée Viau et Guy Dion ont accepté de prêter 10 000 $ à l’homme, que le couple a versé l’argent dans le compte de Stéphanie qui l’a ensuite transféré dans le compte de l’individu.

Stéphanie Viau a également expliqué qu’un jour, l’homme sous le nom de Brad Pitt lui a dit qu’il avait prêté l’Audi A4 à une personne qui ne l’a jamais rapportée, qu’elle devait appeler la police et la déclarer volée, ce qu’elle a fait.

« Je ne réponds pas, c’est un piège »

Le procureur de la poursuite, MPascal Lescarbeau, a ensuite confronté la témoin avec une déclaration vidéo faite le 16 octobre 2019, jour de l’arrestation de sa sœur Marie-Josée et de son beau-frère Guy Dion.

La femme avait alors raconté aux enquêteurs avoir vu brûler un casque de moto dans un baril se trouvant chez sa sœur et Guy Dion, à Saint-Jude.

Questionnée sur cette déclaration, Stéphanie Viau a dit ne plus se souvenir de cette scène, mais qu’elle assumait ce qu’elle avait dit puisque c’était écrit.

« Est-ce que ce que vous avez écrit ce jour-là c’est la vérité ? », lui a alors demandé MLescarbeau.

« Ça, c’est un piège ! Je ne veux pas entrer dans ce piège-là. Je ne réponds pas à votre question. J’assume ce que j’ai dit ce jour-là. »

« Je ne voulais pas venir ici, je trouve ça ultra malsain de devoir témoigner au procès de ma sœur ! C’est quoi votre objectif ? De me rendre de plus en plus mal ? Je serai de plus en plus mal », a répondu Stéphanie Viau, avant de fondre en larmes.

Le témoignage de Mme Viau se poursuit mardi.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.