La plaignante dans l’unique procès criminel contre Gilbert Rozon réclame 1,3 million de dollars à l’ex-magnat de l’humour pour l’avoir agressée sexuellement en 1980 et pour avoir inventé une « histoire sordide » pour sa défense. Annick Charette affirme s’être alors sentie violée une « deuxième fois » par Gilbert Rozon.

« Dans son témoignage lors du procès criminel, [Gilbert Rozon] a menti non seulement en niant la version [de Mme Charette], mais également en inventant de toutes pièces un scénario qui inversait les rôles, un scénario grotesque dans lequel c’est la demanderesse qui était l’agresseur, et Rozon la victime », lit-on dans la poursuite civile déposée mercredi au palais de justice de Montréal.

Rappelons que Gilbert Rozon a été acquitté des accusations de viol et d’attentat à la pudeur le 15 décembre dernier. La juge Mélanie Hébert avait fait bénéficier l’accusé du doute raisonnable, même si sa version apparaissait « moins plausible » que celle de Mme Charette.

Au procès, Gilbert Rozon a raconté s’être réveillé avec la plaignante sur lui en train de « se faire l’amour » en état de « transe ». « C’est quelque chose qui m’a été imposé », avait-il déclaré. Un récit aux antipodes de celui d’Annick Charette, qui a soutenu avoir été agressée sexuellement à son réveil cette nuit-là, à Saint-Sauveur, en 1980.

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Gilbert Rozon

« En écoutant l’histoire sordide créée par [Gilbert Rozon], la demanderesse a eu le sentiment qu’on la violait une deuxième fois. Elle s’est sentie mise en scène dans un fantasme du défendeur, utilisée par lui comme elle l’avait été une quarantaine d’années auparavant, tout en étant complètement impuissante. Le défendeur avait à nouveau porté atteinte à son intégrité et à sa dignité », lit-on encore dans la poursuite, où sont évoqués les « mensonges éhontés » de Gilbert Rozon.

Annick Charrette reproche à l’avocat de la défense, MPierre Poupart, de l’avoir qualifiée de « délurée ». « Un qualificatif approprié pour décrire le rôle que le défendeur a prêté à la demanderesse dans son scénario imaginaire, abracadabrant et humiliant pour sa victime », souligne la poursuite. C’est pourquoi elle soutient avoir vécu « cet épisode comme un deuxième viol ».

« Elle demande que justice soit faite, que la vérité du viol qu’elle a subi et qu’elle dénonce soit démontrée, que les mensonges du défendeur soient exposés, que le défendeur paie pour les dommages qu’il lui a causés et qu’il soit condamné à des dommages punitifs suffisamment importants pour dénoncer, punir et dissuader son comportement odieux », ajoute-t-on dans la poursuite.

Cette poursuite s’ajoute à celles intentées par trois autres femmes dans les derniers mois, soit la comédienne Patricia Tulasne, la réalisatrice Lyne Charlebois et l’artiste Danie Frenette. Elles reprochent toutes à Gilbert Rozon des gestes de nature sexuelle.