Si le nombre de Québécois qui prennent le volant sous l’influence de l’alcool a diminué en 2020, ceux qui le font après avoir consommé de la drogue sont toutefois beaucoup plus nombreux qu’avant, montrent des données de la Sûreté du Québec (SQ) obtenues par La Presse. Pour le corps policier, la situation illustre que les efforts récemment entrepris à ce chapitre portent leurs fruits.

« Ça s’explique par le fait que depuis quelques années, la quasi-totalité de nos agents sont formés pour détecter la conduite affectée par la drogue. L’arrivée de formations spécialisées fait en sorte qu’on est plus allumés et sensibilisés à cette réalité. Ça ne fait pas 50 ans qu’on fait ça. C’est relativement récent », explique un porte-parole du service de la prévention de la SQ, Benoit Richard.

En 2019, 554 personnes avaient été interpellées sur la route par les autorités pour avoir conduit avec les capacités affaiblies par la drogue. Mais l’an dernier, ce chiffre a bondi de près de 32 %, pour atteindre 729, dont une majorité (589) étaient des hommes. De ce nombre, quatre étaient mineurs. En 2018, 410 personnes avaient été arrêtées pour conduite avec les facultés affaiblies par la drogue.

Pour Benoit Richard, cette augmentation doit d’abord être vue d’un bon œil. « Ça signifie qu’on retire davantage de conducteurs à risque de nos routes. Je suis content de voir que nos policiers sont parvenus à en attraper plus pour garantir davantage de sécurité sur notre réseau », soutient-il.

Malgré tout, il demeure « difficile » de faire un lien avec la légalisation du cannabis, soutient l’agent. « L’augmentation du nombre de policiers formés est survenue à peu près au même moment, donc on ne peut pas établir de lien direct. C’est possible qu’il y en ait un, mais ce n’est pas clairement établi », avance-t-il. Depuis 2018, la Sûreté du Québec a procédé à l’arrestation d’environ une quinzaine de mineurs pour avoir conduit sous l’effet de la drogue.

L’alcool moins présent qu’avant

Pendant ce temps, le nombre d’interpellations pour conduite sous l’effet de l’alcool, lui, a connu une baisse marquée. De 5519 constats d’infraction remis en 2019, il est en effet passé à 4373 l’an dernier (- 21 %), avec de nouveau une majorité d’hommes (3405).

« Ça a probablement diminué parce que plus de gens y sont sensibilisés. Les jeunes d’aujourd’hui savent que s’ils ont une seule goutte d’alcool dans le sang, ils perdent leurs permis, donc c’est certain que les modifications à la loi ont aidé. Et c’est tant mieux », résume M. Richard à ce sujet, en précisant que les campagnes de la Société de l’assurance automobile du Québec ont aussi été nombreuses à ce sujet dans les dernières années.

Fait à noter : pas moins de 30 mineurs ont été arrêtés pour avoir conduit sous l’influence de l’alcool, ce qui représente toutefois une hausse marquée par rapport à l’année précédente.

Dans un rapport annuel paru le mois dernier, le ministère canadien de la Sécurité publique a révélé pour sa part que le nombre d’incidents de conduite avec les facultés affaiblies par la drogue déclarés par la police avait « augmenté de 43 % » entre le début de 2018 et la fin de 2019.

Selon les autorités fédérales, qui se basent sur des « sondages d’opinion publique » réalisés dans les dernières années, près de 8 Canadiens sur 10 estimaient déjà, avant la légalisation du cannabis, que la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue « augmenterait probablement » sur nos routes.

Ottawa affirme que dans la foulée de la légalisation du cannabis, il y a plus de deux ans, de nouvelles dispositions du Code criminel ont été adoptées en 2018 « pour criminaliser la conduite avec une concentration interdite de certaines drogues, renforcer les peines et fournir des outils supplémentaires aux organismes d’application de la loi pour détecter et décourager la conduite avec facultés affaiblies, en particulier la conduite avec facultés affaiblies par la drogue ».

— Avec William Leclerc, La Presse