Le tribunal de l’immigration a annulé le sursis à l’expulsion du rappeur montréalais d’origine algérienne Enima, qui est maintenant visé par trois mandats d’arrêt au Canada.

Enima, de son vrai nom Samir Slimani, avait été déclaré interdit de territoire au Canada en 2014 pour cause de grande criminalité, mais il avait obtenu par la suite un sursis pour des motifs humanitaires, qui lui permettait de rester au pays en respectant une série de conditions.

Une condition lui imposait notamment de se présenter dans un poste de police une fois par mois et de suivre une thérapie sur la violence conjugale et familiale.

Or, M. Slimani n’a jamais terminé cette thérapie et a cessé de se rapporter au poste de police en juin 2019, selon ce qu’a constaté la commissaire Mélanie Raymond, lors d’une audience tenue la semaine dernière à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié.

Juin 2019 correspond justement au moment où la police de Toronto a lancé un mandat d’arrêt contre le rappeur en lien avec une fusillade, a ajouté la commissaire. La police de la Ville Reine le soupçonne d’avoir tiré sur un homme et de lui avoir infligé de graves blessures. La même année, l’un des agents de l’artiste avait déclaré à La Presse que son client était parti en Algérie.

À l’audience la semaine dernière, l’avocat du rappeur, MStéphane Handfield, a dit lui aussi avoir été informé que son client se trouvait à l’extérieur du Canada. Son client n’était pas présent à l’audience et n’a pas donné signe de vie lorsque le tribunal a tenté de le joindre par téléphone.

« Le défaut de M. Slimani de se présenter à son audience et de respecter les conditions imposées par son sursis démontre le manque de respect de M. Slimani envers les institutions et que sa démarche de réhabilitation n’était pas sérieuse », a tranché la commissaire, en annulant le sursis à l’expulsion du rappeur, ce qui révoque du même coup son statut de résident permanent au Canada.

Mandat d’arrêt

M. Slimani est maintenant visé par un mandat d’arrêt de l’Agence des services frontaliers, qui aura la charge de l’expulser du pays si elle met la main sur lui. Il est aussi la cible d’un mandat d’arrêt de la police de Montréal pour non-respect des conditions et du mandat d’arrêt ontarien pour l’affaire des coups de feu.

S’il se trouve bel et bien à l’étranger, M. Slimani ne pourra vraisemblablement pas revenir au Canada, a expliqué son avocat en entrevue avec La Presse. « Il n’est plus résident permanent, il n’a plus accès au territoire », dit l’avocat.

Il est toujours possible que les autorités demandent son extradition à un autre pays, afin qu’il revienne ici afin d’avoir son procès pour les évènements de Toronto, puis le renvoient en Algérie à la fin du processus, affirme MHandfield.

« Est-ce qu’une demande d’extradition a été déposée par les autorités canadiennes ? Je l’ignore, et je n’ai pas le mandat de m’occuper de monsieur au niveau d’une extradition éventuelle. Si une telle demande doit être contestée, ce sera dans le pays où il se trouve », affirme l’avocat.