(Montréal) Une demande doit être déposée cette semaine devant le tribunal pour qu’il soit ordonné au ministère de l’Éducation du Québec d’offrir à tous les enfants l’option de suivre leurs cours en ligne cet automne.

Pour l’instant, seuls les élèves qui ont certaines conditions médicales bien précises, ou dont les parents sont à risque, peuvent être exemptés de venir physiquement à l’école.

Mais en cette période de COVID-19, tous les parents d’enfants du primaire et du secondaire devraient avoir ce choix pour la rentrée, fait valoir l’une des mères qui ont mandaté un avocat pour que l’option des cours en ligne soit disponible pour tous à la rentrée.

Politimi Karounis est mère de deux élèves du primaire. Elle ne veut pas qu’ils aillent en classe cet automne, car elle juge que les mesures sanitaires mises en place ne seront pas suffisantes pour les protéger — pas adéquates non plus pour protéger les enseignants, ajoute-t-elle.

Elle explique le contexte dans lequel sera son aîné : dans une classe de 35 enfants, sans masque ni distanciation physique lorsqu’il se trouvera dans sa salle de classe.

Avec d’autres parents, elle a mandaté l’avocat constitutionnel bien connu, Me Julius Grey, pour présenter cette demande.

On veut avoir le choix, a-t-elle expliqué en entrevue. Il ne s’agit pas d’imposer cette façon de faire à tous.

« Je crois que les parents, dans ce contexte particulier, doivent avoir le choix de prendre des décisions pour la sécurité de leur famille », dit-elle. Elle est inquiète pour sa mère, qui garde ses enfants. Celle-ci est toutefois à risque, ayant une condition qui affecte son système immunitaire.

Un programme en ligne a été créé pour les enfants dont la condition médicale les rend trop vulnérables pour aller en personne à l’école. Puisqu’il existe déjà, il peut être offert à tous, sans frais supplémentaires, fait valoir Mme Karounis.

« Elles (les autorités gouvernementales) en sont manifestement capables », a renchéri Me Grey en entrevue.

« Si elles offrent des cours par zoom pour les enfants qui se qualifient sous les critères stricts d’exemption, il n’y a aucune raison pour laquelle ils ne peuvent l’offrir à tous les parents, pour le meilleur et pour le pire, et qui, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, disent qu’ils ne sont pas à l’aise d’envoyer leurs enfants en classe. »

Quant aux motifs médicaux pouvant justifier une exemption d’assister aux cours en personne, ils sont trop restrictifs, ajoute Mme Karounis. Certains enfants ont des conditions qui inquiètent vraiment et rendent très nerveux leurs parents, mais qui ne se qualifient pas pour l’exemption.

La demande en jugement déclaratoire devrait être déposée cette semaine, et il sera demandé au tribunal qu’elle soit entendue le plus tôt possible, car il y a urgence, dit Mme Karounis. La rentrée scolaire approche à grands pas.

La demande sera notamment fondée sur la Charte canadienne des droits et libertés, dont son article 7, qui établit le droit à la vie et à la sécurité.

Mme Karounis sait qu’il est possible pour les parents de faire l’école à la maison. Mais cette option n’est pas possible pour toutes les familles, car beaucoup de parents doivent travailler et n’ont pas les moyens de rester à la maison, explique-t-elle. Et puis, tous n’ont pas les habiletés pédagogiques que possèdent les enseignants. C’est pourquoi leur demande en justice mise sur l’option de l’école en ligne.

Par ailleurs, si un enfant est retiré de la classe pour recevoir son éducation à la maison, il perd sa place dans sa classe. Un casse-tête pour la réintégrer après la pandémie.

L’Ontario offre d’ailleurs cette possibilité aux parents : les conseils scolaires de cette province proposeront un apprentissage à distance à tous ceux qui choisiront cette option.