Une enquête de quelques mois marquée par seulement huit jours de surveillance a mené les policiers du Service de police de la Ville de Montréal à une saisie inattendue au début de juin, dans l’est de Montréal.

Après avoir reçu en février des informations d’une source codée voulant qu’un certain Sergio Andres Arroyave-Garcia se livre au trafic de cocaïne pour une organisation criminelle, les enquêteurs de la division du crime organisé du SPVM ont commencé à le surveiller.

Ils l’ont vu se déplacer à bord de sa Kia Sorento rouge 2014 et l’ont suivi, non sans mal, car le suspect aurait été rompu aux manœuvres de contre-filature, selon la poursuite.

Les limiers l’ont vu transporter des sacs, rencontrer des individus inconnus, dont un à Laval, se rendre notamment dans un commerce de céramique et aller à quelques reprises dans un appartement du Village olympique, rue Sherbrooke Est, près du boulevard de l’Assomption.

Le 3 juin, après avoir obtenu un télémandat, les enquêteurs ont perquisitionné dans l’appartement 212 d’une des pyramides et trouvé six pistolets Taurus de calibre .40 avec des munitions facilement accessibles, 530 000 $ CAN, des gants de latex, une balance, une machine à compter de l’argent et ce qui semblait être un cahier de comptabilité.

Dans le véhicule du suspect, les policiers ont découvert un kilogramme de cocaïne dans une cache hydraulique aménagée sous le plancher du hayon. Ils ont aussi saisi 5000 $ dans un sac à dos que portait Arroyave-Garcia.

Arroyave-Garcia ainsi que sa conjointe de 30 ans ont été arrêtés. Le bail de location de l’appartement où les armes et les autres objets ont été trouvés est au nom de cette dernière. Il ne semblait pas vraiment habité, selon la police, qui croit qu’il s’agissait d’une cache de drogue et d’argent. Il y avait peu de meubles, aucune nourriture dans le réfrigérateur et plusieurs bacs de plastique fermés.

Avant qu’Arroyave-Garcia soit arrêté, la police ne le connaissait pas comme étant lié à une organisation criminelle ou au trafic de stupéfiants. Aucune transaction de drogue comme telle n’a été constatée durant la filature.

La conjointe a été libérée sous conditions mais pas Arroyave-Garcia, dont la poursuite s’est objectée à la remise en liberté, et qui a subi une enquête sur cautionnement le 25 juin.

Présomption d’innocence

Pour qu’un accusé demeure détenu, la poursuite doit satisfaire à au moins un des trois critères suivants : elle doit démontrer que l’accusé représente un risque de fuite et que sa présence devant le Tribunal ne serait pas assurée s’il était libéré; que l’accusé en liberté représenterait un risque pour la protection et la sécurité du public et enfin que sa libération minerait la confiance d’un public bien informé en l’administration de la justice, généralement parce que l’accusé encourt une condamnation et une longue peine d’emprisonnement.

Bien que la juge qualifie l’infraction de grave, qu’elle considère que la preuve est « très forte, voire accablante », et que le degré de participation de l’accusé est « total », la juge Joëlle Roy, de la Cour du Québec, a décidé de le libérer sous conditions, en attendant la suite du processus judiciaire.

« Pendant quatre mois, les policiers n’ont observé que minimalement l’accusé, ne laissant présager aucun risque imminent pour la sécurité du public. »

Le public dont il est question [troisième critère] s’avère informé et, sans être juriste, comprend qu’il existe au Canada une présomption d’innocence garantie constitutionnellement et le droit de ne pas être privé, sans juste cause, d’une mise en liberté provisoire.

La juge Joëlle Roy, dans sa décision de 11 pages rendue le 2 juillet

Arroyave-Garcia a dû effectuer un dépôt de 10 000 $ et remettre son passeport. Il doit informer la procureure de tout changement d’adresse et ne peut fréquenter tout individu qui, à sa connaissance, possède des antécédents judiciaires.

Arroyave-Garcia, qui ferait dans l’entretien ménager, a des antécédents judiciaires au Québec de possession simple de drogue et de rupture de condition qui datent de 2016 et pour lesquels il a été condamné à une peine suspendue et à une amende.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-8000, poste 4918, ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.