« Il ne devrait pas y avoir de crime organisé. Si la police en est capable, elle devrait les mettre en prison. Mais à partir du moment où ces gens sont libres, je me placerais dans une situation compliquée si je faisais screener (filtrer) les spectateurs. Je n’aime pas ça entendre que ces gens sont là mais il n’y a rien que je peux faire », a répondu, à une question de La Presse, le président de GYM, Yvon Michel, après une journée complète de témoignage devant les juges administratifs de la Régie des alcools, des courses et des jeux.

Yvon Michel s’est également déclaré « satisfait » de son témoignage et « confiant quant à la décision des juges ».

Après avoir entendu la preuve de la Régie des alcools, des courses et des jeux mardi, le promoteur s’est défendu avec vigueur mercredi.  

« Je pense humblement avoir eu une influence positive dans le milieu de la boxe et qu’on ne me dise jamais que j’ai porté atteinte au renom de ce sport, c’est contre toutes mes convictions », a lancé le PDG de GYM aux juges administratifs de la Régie des alcools, des courses et des jeux.  

« Lorsque la convocation devant la Régie est sortie publiquement, cela s’est rendu jusqu’aux États-Unis, en France, en Europe, comme quoi Yvon Michel est associé avec le crime organisé, qu’il a même organisé un combat truqué ! Même mes enfants se sont fait poser des questions à l’école », a-t-il ajouté, avec émotion, lorsqu’il a parlé de sa progéniture.  

Convoqué devant la Régie pour s’expliquer sur la présence de six membres des Hells Angels, et d’autres individus liés au crime organisé ou ayant des antécédents criminels, à un gala de boxe tenu au Centre Pierre-Charbonneau le 20  septembre dernier, Yvon Michel a riposté à chaque reproche, en plus de décocher quelques flèches à l’organisme de réglementation des sports de combat au Québec.  

Au sujet de la présence des Hells Angels dans le périmètre, à deux rangées de l’arène, il a rappelé que la Régie a accepté le plan de la salle et expliqué que GYM ne vend jamais de billets, que les acheteurs qui appellent à son bureau sont directement acheminés aux responsables de la salle où a lieu le gala-cette fois-ci, le Centre Pierre-Charbonneau-et au réseau Ovation.  

PHOTO DÉPOSÉE DEVANT LA RÉGIE DES ALCOOLS, DES COURSES ET DES JEUX

Assis dans la deuxième rangée, Salvatore Cazzetta, Salvatore Brunetti, Stéphane Plouffe, Vincent Boulanger, Yvon Tanguay et David Lefebvre ont assisté au gala de boxe du 20 septembre dernier au Centre Pierre-Charbonneau.

« L’erreur au départ a été faite par la régie », a-t-il même répété à sa sortie de la salle d’audience, en rappelant que l’organisme a approuvé le plan.

Il a précisé qu’en aucun temps, les Hells Angels ont été impliqués dans l’organisation de l’événement et que lui, Yvon Michel, ne fréquente pas ces personnes.  

« Avez-vous déjà rencontré ces personnes ? », lui a demandé son avocat, Me  Martin Pichette.  

« Je rencontre beaucoup de monde, mais, sciemment, des gens du crime organisé, jamais », a dit M. Michel, ajoutant qu’effectivement, les Hells Angels n’étaient pas censés se trouver dans le périmètre de sécurité autour de l’arène.  

« Pendant la soirée, un responsable de la Régie s’est assis à côté de moi, dans le périmètre. On a jasé et jamais il ne m’a parlé de la présence d’individus indésirables. C’est cette même personne de la Régie qui m’a appelé plus tard pour me demander ce que ces gens faisaient là. Cela aurait été très facile le soir même, si on m’avait avisé d’une problématique, de faire déplacer la barricade dans le périmètre », s’est-il défendu.  

Façon de faire habituelle

Yvon Michel a expliqué en long et en large, exemples à l’appui, que les organisateurs d’événements qui ont des permis annuels, tels GYM et Eye of the Tiger Management, s’associent généralement avec d’autres promoteurs pour organiser des événements.  

Il a dit que GYM a été l’organisateur de l’événement du 20 septembre, et New Era Fighting & Promotion et AlterGo, les promoteurs.  

AlterGo est un organisme destiné à aider les athlètes handicapés dont le porte-parole est l’homme fort Hugo Girard, qui devait d’ailleurs participer à un combat caritatif ce soir-là.  

M. Michel a dit que GYM a avancé les sommes des bourses et approuvé les dépenses, que New Era Fighting & Promotion a géré les revenus et que tous les profits sont allés à AlterGo, que c’est la raison pour laquelle les noms des deux derniers apparaissent sur plusieurs factures.  

Yvon Michel a ajouté que c’est en mai 2019, alors qu’il voulait organiser un gala à Saint-Jean-sur-Richelieu en association avec New Era Fighting & Promotion que, pour la première fois en plus de 150 événements de boxe organisés au Québec en carrière, on lui a refusé un permis.  

« J’ai demandé à la Régie s’il y avait un problème avec Yan Pellerin de New Era Fighting & Promotion et si oui, quel était-il. On m’a répondu qu’on ne pouvait m’en parler, que c’était sur le bureau du contentieux. Si quelqu’un m’avait dit à la Régie : "on ne veut pas que tu fasses affaires avec Yan Pellerin, mais on ne peut pas te dire pourquoi", j’aurais arrêté tout de suite de faire affaire avec lui, jusqu’à ce qu’il obtienne son permis », a dit M.  Michel, non sans ensuite écorcher un responsable de la Régie en remettant en question son expérience en matière de boxe.  

Rappelons que les administrateurs de New Era Fighting & Promotion ont fait l’objet d’une enquête de réputation de la Sûreté du Québec, que l’enquête est terminée et que la demande de permis est toujours sur le bureau du contentieux de la Régie.  

Il ne reconnait pas Cazzetta

Contre-interrogé par Me  Joliane Pilon, du contentieux de la Régie, Yvon Michel a notamment déclaré que l’entente qu’il a eue avec New Era fighting & promotion pour le gala du 20 septembre était verbale.

« Vous, Yvon Michel, avec toute l’expérience que vous avez, et malgré le fait que les Hells Angels soient régulièrement présents aux galas de boxe, vous ne reconnaissez pas Salvatore Cazzetta (membre des Hells Angels) ? », lui a aussi demandé Me Pilon.

« Non », a répondu le patron de GYM.

Yvon Michel a également confirmé qu’il ne devait pas y avoir de billets à vendre dans le périmètre de sécurité autour de l’arène, et que s’il l’avait remarqué, il aurait fait refaire le plan.

Questionné par son avocat, il a également dit que les sièges de la rangée AA, occupés par les Hells Angels et autres individus liés au crime organisé, ont été vendus sur le réseau Ovation.

Les parties prononceront leur plaidoirie le 25 février prochain.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.