Personne n’a vu qui a abattu Valery Belange dans la cage d’escalier de son appartement de Montréal-Nord il y a deux ans. Peu importe, puisque les deux tueurs ont laissé dans leur sillage des indices révélateurs, selon la Couronne : de l’ADN sur une casquette, une empreinte digitale et des messages textes. Sans compter la présence de la femme de l’un d'eux sur les lieux du crime.

« Valery Belange a été assassiné par les accusés Willy Junior St-Jean et Ducakis François dans une attaque planifiée, coordonnée et délibérée », a affirmé au jury le procureur de la Couronne, Me Matthew Ferguson, en ouverture du procès pour meurtre au premier degré des deux hommes au palais de justice de Montréal. « Mais leur plan ne s’est pas déroulé comme prévu », a-t-il conclu, sans jamais aborder le mobile du crime dans son exposé introductif.

Dans le cadre de ce meurtre aux allures de polar, la Couronne entend démontrer la culpabilité des deux hommes par de la preuve circonstancielle, comme de l’ADN, des messages textes et des relevés téléphoniques. Ainsi, selon la thèse du ministère public, Willy Junior St-Jean, 32 ans, Ducakis François, 26 ans, et sa femme se trouvaient près de l’appartement de la victime au moment du crime.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Willy Junior St-Jean

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Ducakis François

Transaction de drogue

La victime, Valery Belange, était un trafiquant de cocaïne et de cannabis. Le soir du 29 août 2017, il envoie un message texte à Chloé Langlois, femme de Ducakis François. Une heure plus tard, vers 22 h, il fait une transaction de drogue dans la voiture d’un client près de chez lui. Celui-ci remarque alors une femme blonde qui les regarde. Il s’agit de Chloé Langlois, selon la poursuite.

Un témoin clé de la Couronne sera un homme qui promenait son chien ce soir-là devant l’appartement de Valery Belange. Selon la poursuite, ce témoin aperçoit une femme aux cheveux blonds sortant de l’immeuble, puis un homme noir qui « se cache », accroupi derrière un véhicule gris. Un indice crucial est retrouvé sur cette voiture : l’empreinte digitale de Ducakis François, a expliqué Me Ferguson.

Le témoin entend alors ce qui ressemble à un coup de feu et voit deux hommes prendre la fuite. L’homme qui se cachait quelques instants plus tôt tient ce qui ressemble à une arme à feu, a dit le témoin. Les deux hommes montent dans le même véhicule que la femme blonde.

La Couronne entend démontrer au jury que, ce soir-là, Valery Belange et Chloé Langlois se sont échangé 36 messages textes et que cette dernière a rencontré la victime dans son appartement avant le meurtre.

Autre élément important, dans les heures suivant le meurtre : une recherche internet suspecte a été faite sur un cellulaire associé à M. St-Jean. « LCN Nouvelles 30 août 2017 meurtre. » Les deux accusés se trouvaient d’ailleurs ensemble lors de cette recherche, entend prouver la poursuite. Les messages textes échangés sur ce téléphone avec le numéro associé à M. François ont ensuite été supprimés.

Le procès se poursuit mardi matin devant le juge Daniel Royer.