Dans une démarche nouvelle et inaccoutumée, la Sûreté du Québec a révoqué jeudi les permis de possession et d’acquisition d’une arme à feu légale de 11 membres de clubs de motards sympathisants des Hells Angels.

Dans la foulée, elle a également refusé des demandes d’acquisition et de possession d’arme à feu légale qu’avaient déjà déposées sept autres personnes faisant partie de groupes supporteurs des Hells Angels.

« Cette opération de la Division du renseignement sur le crime organisé (DRCO), en collaboration avec le Bureau du contrôle des armes à feu et des explosifs (BCAFE), a pour objectif de limiter l’accès légal aux armes à feu par des gens ayant des liens avec le crime organisé.

« Ce projet d’envergure constitue une première au Canada dans le contexte du contrôle des armes à feu et démontre aux membres de groupes supporteurs que leur allégeance envers le crime organisé a un impact direct sur leur privilège de posséder un permis de possession et d’acquisition d’armes à feu », peut-on lire dans un communiqué publié par la Sûreté du Québec.

Les personnes visées par cette démarche appartiennent aux clubs Red Devils, Dark Souls, Devils Ghosts, Devils Riders, Death Messengers, Brotherhood, Rolling Aces, Heaven Demon, Survivor Bikers et Sacrilège. On retrouve également parmi les individus concernés un hangaround des Hells Angels de Sherbrooke, ce qui constitue le second statut officiel dans la hiérarchie du club de motards international.

En septembre 2018, une première phase de ce projet a visé 97 membres de clubs de motards supporteurs des Hells Angels et mené à la révocation de 75 permis de possession et d’acquisition d’armes à feu, et au refus de 14 demandes.

Pas des enfants de chœur

En février dernier, La Presse avait rapporté que trois membres d’un autre club sympathisant des Hells Angels, les Rebel Riders, s’étaient adressés à la Cour du Québec pour récupérer leurs permis d’arme à feu légale, mais avaient été déboutés.

Le président des Rebel Riders, Jean-Guy Alarie, avait témoigné que son club était seulement « un groupe d’amis qui font des randonnées à moto ».

Il avait admis que lui et des compagnons portaient des bijoux affichant leur soutien aux Hells Angels, mais avait nié toute affiliation avec ces derniers.

« Se promener en public avec un insigne qui manifeste son appui pour les Hells Angels est pour le moins troublant. Nul ne peut ignorer ce que représentent les membres en règle de cette organisation. Loin d’être des enfants de chœur, ces personnes sont impliquées, entre autres, dans le trafic de stupéfiants, le contrôle de la prostitution et plusieurs meurtres au bénéfice de leur organisation.

« Dans notre pays, la possession d’une arme à feu est un privilège. Ce privilège est hautement réglementé et un permis est nécessaire à la possession d’une telle arme », avait notamment déclaré le juge Thierry Potvin, de la Cour du Québec.

– Avec Isabelle Ducas, La Presse

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