L’ex-pilote qui a saboté des lignes à haute tension d’Hydro-Québec, Normand Dubé, est en fuite. Il ne s’est pas présenté jeudi au centre de détention de Saint-Jérôme, comme le lui avait ordonné la Cour il y a quelques jours. Un mandat d’arrestation pancanadien pour cause de « liberté illégale » a été lancé contre lui.

« Il est recherché sur mandat par la Cour, pour motif de liberté illégale », confirme le sergent Stéphane Tremblay, de la Sûreté du Québec (SQ), en précisant que des recherches sont en cours.

C’est la section des crimes majeurs du corps policier qui prendra en charge cette affaire. La SQ a lancé vendredi après-midi un appel à la population afin de solliciter l’aide de personnes « qui l’apercevraient ou détiendraient de l’information supplémentaire » quant à sa localisation.

D’après le signalement fourni par les autorités, Normand Dubé mesure 1,68 m (5 pi, 6 po), et pèse 64 kg (141 lb). Il a les cheveux gris et les yeux bleus.

On demande aux citoyens de « ne pas tenter de l’intercepter » ou d’intervenir directement auprès de lui, mais plutôt de composer le 911 ou encore de contacter la Centrale de l’information criminelle de la Sûreté du Québec, au 1 800-659-4264. À ce stade-ci de l’enquête, la SQ dit n’avoir aucune information sur le véhicule que M. Dubé aurait pu utiliser pour se déplacer.

Plus tôt, lundi, le juge Martin Vauclair de la Cour d’appel avait mis un terme à la liberté de M. Dubé, car celui-ci n’avait pas respecté ses conditions de remise en liberté. À la mi-novembre, La Presse avait en effet révélé que pendant sa remise en liberté lors de son appel, Normand Dubé avait bafoué à de nombreuses reprises ses conditions depuis un an.

Il m’est difficile d’imaginer un resserrement des conditions existantes. […] L’unique réponse aux agissements de l’appelant est l’annulation des ordonnances.

Martin Vauclair, juge de la Cour d’appel, dans sa décision

Neuf chefs d’accusation

L’homme de 58 ans faisait face à neuf chefs d’accusation pour n’avoir pas respecté des ordonnances de la cour depuis novembre 2019, comme « garder la paix » et ne pas se trouver dans une autre ville sans en informer les policiers. On lui reproche aussi de ne pas être demeuré en tout temps chez lui, sauf exception, le 11 novembre dernier. Plusieurs chefs se répètent toutefois en raison de récents changements à la Loi.

Rappelons que l’attaque sans précédent de Normand Dubé contre les lignes de transport à haute tension d’Hydro-Québec remonte à décembre 2014. L’évènement avait marqué les esprits.

En pleine vendetta contre Hydro-Québec, celui que l’on surnomme le « pilote des stars », puisqu’il a souvent volé avec des personnalités publiques de la province, a causé des pertes de 29 millions à la société d’État et a privé d’électricité 180 000 foyers québécois.

Il a été condamné à sept ans de pénitencier en décembre 2018, alors que le procureur de la Couronne, MSteve Baribeau, réclamait la peine maximale de 10 ans. La Cour d’appel l’a libéré une première fois pendant son appel sous de sévères conditions, dont l’imposition d’un couvre-feu et une interdiction de voler dans un aéronef.

Dans un autre dossier, M. Dubé a aussi été condamné à neuf ans de pénitencier – à purger de façon concurrente à son autre peine – pour avoir intimidé trois fonctionnaires et fait incendier leur résidence pour se venger à la suite de banals litiges administratifs.

— Avec Louis-Samuel Perron, La Presse