Dans le procès hyper médiatisé de Gilbert Rozon, la juge Mélanie Hébert a acquitté l’ancien magnat déchu de l’humour des deux chefs d’accusation, soit viol et attentat à la pudeur, mardi après-midi.

Dans son jugement, la juge a mentionné que l’analyse du témoignage d’Annick Charette a démontré qu’elle était crédible. Elle « témoigne de façon honnête, sincère, sans biais et sans exagération », a affirmé la juge Hébert.

Même chose pour Gilbert Rozon, l’analyse de son témoignage révèle qu’il est « plausible et qu’il est exempt de contradictions susceptibles d’en affecter la crédibilité ou la fiabilité ».

L’analyse du témoignage de M. Rozon, à la lumière de l’ensemble de la preuve, incluant le témoignage d'Annick Charette, « ne révèle pas d’éléments suffisamment sérieux permettant au Tribunal de l’écarter ». « Dit autrement, a ajouté la juge, le Tribunal ne peut pas priver M. Rozon du doute raisonnable sur la question de la crédibilité, et ce, même si sa version apparaît moins plausible que celle d'Annick Charette. »

La plaignante avait précédemment demandé et obtenu de la juge que soit levé l’interdit de publication qui empêchait de l’identifier. Annick Charette affirmait avoir été agressée sexuellement par Gilbert Rozon à deux reprises à la fin d’un rendez-vous en 1980.

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Annick Charette, la plaignante dans le procès de Gilbert Rozon.

Règle générale, les plaignants en matière d’agression sexuelle bénéficient d’un interdit de publication de leur identité. Il arrive parfois qu’ils demandent au juge de lever cette restriction afin de pouvoir s’exprimer publiquement.

À la sortie de la salle de cour, la plaignante a lu une déclaration où elle a notamment montré du doigt le système de justice actuel qui « ne met pas les victimes d’abus à caractère sexuel et leur bien-être au coeur de ses démarches. L’encourageant vent de changement que l’on ressent dans notre société ne se traduit malheureusement pas encore dans le parcours d’une victime dans le système de justice », a déclaré Mme Charette.

Me Bruno Ménard, qui représente le ministère public, a aussi pris la parole. « C’est certain qu’on demandait une condamnation dans ce dossier-là. Mais, en même temps, vous avez bien entendu le jugement, la cour a écouté la preuve avec beaucoup de minutie. Et elle a rendu un jugement très étoffé », a-t-il expliqué. « La preuve dans ce dossier-là, on l’a dit en plaidoirie, aurait pu mener à un verdict comme à l’autre. »

Il a ajouté qu’il était trop tôt pour dire si le ministère public ira en appel.

Gilbert Rozon n’a pas voulu commenter la décision. Des membres de sa famille et des proches l’attendaient à la sortie de la salle de cour, visiblement soulagés par le verdict de non-culpabilité.