« Claude Gauthier a formé avec d’autres individus une organisation criminelle qui a opéré un réseau de trafic de stupéfiants à Saint-Jean-sur-Richelieu et dans les villes environnantes. »
C’est par cette déclaration que la procureure du Bureau de la grande criminalité et des affaires spéciales, Me Marie-France Drolet, a ouvert le procès du Hells Angel Claude Gauthier, accusé de trafic de drogue et de gangstérisme, mardi matin, au palais de justice de Montréal.
Gauthier, membre de la section des Hells Angels de Trois-Rivières, a été arrêté en compagnie d’une trentaine d’individus dans le cadre d’une enquête de l’Escouade nationale de répression du crime organisé (ENRCO) baptisée Orque et menée au printemps 2019. Il est le seul de tous les accusés à ne pas avoir plaidé coupable et à avoir opté pour un procès.
« Gauthier était propriétaire d’un territoire de trafic de stupéfiants à Saint-Jean-sur-Richelieu et percevait des redevances d’un coaccusé, Pascal Facchino [un autre membre des Hells Angels], qui lui avait un rôle de gestionnaire. Les deux hommes se sont vus près de 60 fois durant l’enquête » a poursuivi Me Drolet.
Placer les pièces du casse-tête
La preuve de la poursuite que Me Drolet a qualifiée de « circonstancielle » est basée sur des centaines de conversations d’écoute électronique, des filatures, des balises GPS, des entrées subreptices par les policiers, notamment dans un mini-entrepôt qui aurait servi de cache de drogues, et de vidéos captées par des caméras installées par les policiers chez Gauthier, chez ses principaux complices et dans leur véhicule. Sur certaines des vidéos, on voit des suspects compter des liasses d’argent.
Avant le procès, la défense, assumée par Me Mylène Lareau et Me Annie Lahaise, a échoué dans sa tentative de faire exclure une quinzaine de conversations d’écoute électronique litigieuses.
Les criminalistes ont toutefois présenté une autre requête demandant l’exclusion de l’écoute électronique et des vidéos qui visent spécifiquement Claude Gauthier au juge Claude Leblond, de la Cour du Québec, qui préside le procès. Ce dernier a écouté les parties et pris la demande en délibéré. En attendant, le procès se déroule sans preuve d’écoute électronique, au moins pour les deux prochaines semaines.
La poursuite a commencé mardi par présenter des photos de perquisitions et des vidéos de caméras de surveillance.
En décembre 2018, les enquêteurs ont notamment surpris plusieurs membres des Hells Angels rassemblés dans leur local de Saint-Cuthbert, et photographié plusieurs objets à l’effigie du club de motards criminels.
Ils ont également saisi des vêtements et d’autres éléments de preuve lors d’une perquisition chez Claude Gauthier, à Nicolet.
Sur une vidéo déposée mardi, on aperçoit un autre coaccusé, Denis Savoie, se rendre à plusieurs reprises, en octobre 2018, dans un mini-entrepôt du boulevard Industriel à Chambly et manipuler des pneus, entre autres.
Sur d’autres vidéos présentées au juge Leblond, on peut voir Pascal Facchino et un autre coaccusé, Todd Bissett, se rendre dans un commerce, Urban Média.
Claude Gauthier suit son procès à distance, en visioconférence, à partir de la prison où il est détenu.
La retransmission de la preuve par des moyens électroniques est à l’origine de problèmes techniques qui ont retardé le déroulement des procédures durant environ une heure, mardi.
Le procès devrait durer au moins jusqu’à la fin d’octobre. Me Isabelle Poulin fait équipe avec la procureure Me Drolet.
Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.