Même si la Commission des libérations conditionnelles du Canada est « préoccupée » par le fait que Gaetan David veuille rester au sein des Hells Angels, elle a tout de même accepté qu’il quitte la maison de transition et retourne vivre chez lui.

Le motard de 50 ans pourra également maintenant consommer et acheter de l’alcool — mais à la SAQ uniquement — et fréquenter des gens qui ont des casiers judiciaires, sauf s’ils appartiennent à des organisations criminelles, Hells Angels ou autres.

David, membre de la section de Sherbrooke depuis plus de vingt ans, a été condamné à 16 ans et trois mois après avoir plaidé coupable à une accusation de complot pour meurtre dans la foulée des procédures judiciaires qui ont suivi l’opération SharQc, par laquelle la police a tenté d’éradiquer les Hells Angels au Québec, en avril 2009.

La Cour d’appel a toutefois coupé de moitié la peine de David, après la fin abrupte du mégaprocès des Hells Angels de la section de Sherbrooke, à l’automne 2015.

Ses « frères »

D’emblée, à l’ouverture de l’audience qui s’est tenue mercredi dans un pénitencier de Laval, la commissaire aux libérations conditionnelles qui l’a écouté s’est dite préoccupée par le fait qu’une fois sa peine terminée, en 2021, David entend reprendre ses relations avec les autres membres des Hells Angels, qu’il surnomme « ses frères », et demeurer dans le groupe.

« J’ai toujours dit que je voulais retourner à mon ancienne vie. Oui, je fais partie des Hells Angels mais je ne suis pas obligé de retomber dans le crime ».

« Avant d’être arrêté, j’ai travaillé huit ans légalement dehors. J’ai eu une vie extrêmement propre loin du crime. Oui, je fais partie d’une organisation dont certains membres sont criminalisés mais cela ne me touche pas », a déclaré David.

Il a assuré n’avoir eu aucun contact avec ses compagnons motards depuis qu’il a été libéré. Il a notamment raconté qu’il s’était inscrit dans un centre de conditionnement physique à Sherbrooke mais que lorsqu’il a vu « deux tannants » commencer à fréquenter le gym, il n’y est plus retourné.

« Je ne tiens pas à me mettre les pieds dans une situation qui compromettrait ma libération. Je l’ai toujours dit : ma libération appartient à mes enfants », a-t-il dit.

Meilleur contrôle

David, qui a l’appui de son agent de libération, a dit avoir un meilleur contrôle lorsqu’il est contrarié. Il a donné l’exemple de cette fois où, alors qu’il était camionneur, il s’est arrêté illégalement sur le bord de la route, en compagnie de son fils, et qu’un policier l’a intercepté et lui a donné une contravention.

« À 20 ans, j’aurais peut-être réagi autrement. Mais là, j’ai réagi calmement », a-t-il expliqué.

« Si vous étiez camionneur, vous verriez qu’à Montréal, le monde est fou. Personne ne laisse passer. On se fait montrer le doigt », a aussi décrit le motard, voulant démontrer qu’il était également capable de garder son calme dans les bouchons.

Jusqu’à mercredi, David dormait dans une maison de transition et passait la journée dans une résidence louée, d’où il dirige sa compagnie de vente d’équipement servant à faire des tatouages.

Il a expliqué que c’est parce que certains de ses clients ont des casiers judiciaires qu’il a demandé cette exemption. Il veut continuer à diriger son entreprise une fois sa peine terminée.

« Vous êtes vigilant. Vous nous avez donné de bons exemples. Vous avez toujours respecté vos conditions spéciales, vous n’avez aucun manquement et aucun retard », a souligné la commissaire aux libérations conditionnelles, en lui annonçant qu’elle allait lui accorder les élargissements demandés.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.