Le père qui a tué mardi ses deux enfants avant de se donner la mort dans l’est de Montréal était suivi en psychiatrie depuis une récente tentative de suicide. La ministre de la Santé et des Services sociaux veut maintenant réviser le dossier pour s’assurer que tout ce qui pouvait être fait l’a été.

« C’est un drame inconcevable. On va vraiment tout réviser : qu’est-ce qui s’est passé au niveau de l’institution en santé mentale de Montréal. On a déjà des informations. On va réviser ce qui s’est passé en jeunesse aussi. On a déjà des informations. Je sais déjà aussi que les intervenants sont très, très affectés », a déclaré Danielle McCann devant les journalistes à la colline Parlementaire.

« Je pense qu’il y a eu des services qui ont été offerts. On a un forum qui a lieu, lundi et mardi, justement sur toute la problématique de la santé mentale chez les adultes. On va certainement vouloir adresser tout ce qui est l’accompagnement des personnes qui ont des idées suicidaires et des problématiques de santé mentale », a-t-elle ajouté.

Plusieurs rendez-vous de suivi

Les policiers du SPVM sont intervenus chez Jonathan Pomares un peu plus d’une semaine avant le drame pour ce qui a été classé comme une tentative de suicide, ont confirmé plusieurs sources à La Presse. Il avait les facultés très affaiblies et se serait débattu lorsque les agents ont tenté de l’aider. Agressif, il aurait parlé de sa difficulté à accepter la séparation avec sa conjointe, selon nos informations.

Les services d’urgence l’ont transporté à l’hôpital Notre-Dame, où son état a justifié son transfert à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, pour une évaluation par un psychiatre.

Une source proche du dossier a confirmé à La Presse qu’après avoir eu son congé, l’homme avait continué à être suivi par des intervenants spécialisés. Il avait participé à plusieurs rendez-vous de suivi, à l’Institut et dans une ressource externe.

Un autre rendez-vous de suivi avait été fixé pour la journée d’hier.

« Appeler un chat un chat »

Les policiers qui sont intervenus auprès du père alors qu’il avait les facultés affaiblies auraient consigné l’affaire comme un cas à risque de conflit familial, selon une source policière. Il y a quelques années, le SPVM a instauré un nouveau système pour consigner les situations du genre après avoir constaté que la violence conjugale donnait lieu à une trentaine de milliers d’appels à la police par an, en plus de représenter environ 25 % des homicides à l’époque.

La députée de Québec solidaire Manon Massé, qui a déjà travaillé auprès de femmes victimes de violence conjugale, a par ailleurs publié un long message à ce sujet sur les réseaux sociaux hier.

Elle a critiqué l’usage du terme « drame familial » pour décrire le double meurtre et insisté sur la nécessité d’appeler « un chat un chat » afin de prévenir ces explosions de violence.

On n’assassine pas sa conjointe ou ses enfants sur un coup de tête. On assassine la conjointe parce qu’elle échappe à notre contrôle. On assassine les enfants pour contrôler le reste de sa vie. C’est la forme la plus extrême de la violence conjugale.

Manon Massé, députée de Québec solidaire

« J’aurais aimé qu’on parle des centres d’hébergement pour les femmes victimes de violence, qui n’arrivent pas à répondre à la demande. Quarante et une femmes par jour se font refuser une demande d’hébergement. J’aurais aimé qu’on parle des centres de femmes et de leur travail de dépistage. J’aurais aimé qu’on parle de santé mentale, pas juste dans l’urgence, mais sur la durée. Vingt et un mille personnes violentes veulent de l’aide. Elles attendent », dit-elle.

Devant la maison où s’est déroulé le crime, dans le quartier Tétreaultville, des citoyens continuaient d’affluer pour déposer des témoignages de soutien hier.

— Avec la collaboration de Janie Gosselin et Martin Croteau, La Presse