L’ex-pilote Normand Dubé a été reconnu coupable ce matin à Saint-Jérôme de harcèlement criminel et d’incendies criminels à l’égard de fonctionnaires et de leur conjoint. Surnommé le « pilote des stars », Normand Dubé a été condamné à sept ans de pénitencier l’an dernier pour avoir saboté en avion des lignes à haute tension d’Hydro-Québec.

« Le tribunal considère que la vengeance est le mobile de ces incendies », soutient le juge Gilles Garneau. Le magistrat a ordonné l’incarcération immédiate de Normand Dubé, qui était libéré depuis décembre dernier pendant son appel dans le dossier d’Hydro-Québec.

Le procureur de la Couronne, Me Steve Baribeau, a fait savoir à la Cour son intention de faire évaluer Normand Dubé afin de le déclarer délinquant à contrôler, une étiquette réservée aux pires criminels. « C’est quelqu’un qui s’est livré à des gestes d’une dangerosité et d’une violence qui dépasse l’entendement. Il a fait incendier des résidences privées de gens qui faisaient leur travail pour des banalités », a expliqué Me Baribeau en mêlée de presse.  

La Couronne entend demander une peine dans « les deux chiffres », donc d’au moins 10 ans de pénitencier, qui s’ajouterait à celle de sept ans de détention déjà imposée dans le dossier de méfaits des lignes d’Hydro-Québec.

Quelques minutes avant de se faire mettre les menottes aux poignets, Normand Dubé s’est adressé aux journalistes dans le corridor pour nier fermement avoir commis ces crimes. Il a dit être une « victime » dans cette affaire. « Ça ne me regarde pas du tout. […] C’est fou ! On va aller en appel, c’est sûr », a-t-il plaidé.  

Une surintendante de l’Agence des services frontaliers, le directeur de l’urbanisme de Sainte-Anne-des-Plaines et une employée de cette municipalité ont tous subi les foudres de Normand Dubé entre 2011 et 2014.  

« La vengeance est un plat qui se mange froid », avait ragé au téléphone l’accusé à l’employée des douanes Michèle Jarry. Normand Dubé était furieux d’avoir reçu une contravention de 2000 $ pour l’importation d’un hélicoptère.  

Il avait ensuite envoyé une mise en demeure de plus de 100 000 $ directement à la résidence de la surintendante. « C’est quand tu me payes ? Tu me dois 120 000 $ », avait insisté l’accusé, en appelant Mme Jarry à sa résidence. En octobre 2014, le véhicule du conjoint de Mme Jarry a été incendié en pleine nuit dans leur stationnement. Le feu a causé des dégâts de 70 000 $ à leur résidence.

Francine Brosseau, une employée de Sainte-Anne-des-Plaines, a carrément perdu sa résidence, ravagée par les flammes. Dubé avait intimidé à plusieurs reprises cette fonctionnaire à la vie rangée alors qu'il contestait son rôle d'évaluation foncière. Il a été reconnu coupable d'un premier incendie criminel visant la résidence de la fonctionnaire, mais a été acquitté du second, plus grave.

Appels injurieux, intimidation en voiture, le directeur de l’urbanisme de Sainte-Anne-des-Plaines, Christian Leclair, a aussi été la cible de la colère de Normand Dubé pendant des années. En juillet 2014, un homme a lancé un cocktail Molotov dans le sous-sol de sa résidence, alors que sa conjointe se trouvait à la maison.