Mario Baril, 40 ans, et Norbert St-Onge, 54 ans, venaient tout juste de décoller de l’aérodrome de Saint-Cuthbert vendredi soir lorsque leur petit avion s’est écrasé au sol. Les deux hommes sont morts.

Norbert St-Onge, de L’Assomption, a été décrit par un ami des 20 dernières années comme un père aimant pour ses trois filles adultes et un fier grand-papa. « C’était quelqu’un qui parlait beaucoup, il était drôle, super intense », a confié Sébastien Provencher au téléphone. Il a dépeint son ami comme un passionné de pêche, qui s’est mis à l’aviation il y a quelques années. « Il aimait la moto, la pêche, la chasse… Il vivait vraiment à 120 % », a ajouté M. Provencher.

La famille de Mario Baril, de Saint-Damien, a décliné la demande d’entrevue de La Presse, souhaitant vivre son deuil en privé. « Il est mort en faisant ce qu’il aimait », a simplement indiqué une proche.

Analyse

La carcasse blanche de l’avion ultraléger a été remorquée hier midi. Elle sera analysée pour tenter d’en apprendre plus sur les circonstances de l’accident. Selon les premiers éléments de l’enquête, « ce serait une perte de contrôle à la suite du décollage qui aurait mené à l’impact avec le sol », a indiqué le porte-parole du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) Chris Krepski. Un enquêteur a été dépêché sur les lieux hier matin pour recueillir plus d’information. Le moteur sera aussi analysé par le BST, maintenant chargé de l’enquête. 

« On va aussi examiner l’épave pour voir s’il y a eu un problème. » — Chris Krepski, porte-parole du Bureau de la sécurité des transports du Canada

L’aéronef, un DTA Voyageur II 912S ressemblant à un deltaplane motorisé à deux places, a chuté à environ 500 pi de la piste de l’aérodrome du Centre aéro-récréatif ULM Québec. En amont, les voisins n’avaient pas entendu l’impact, un boisé séparant les maisons de la piste. « J’ai entendu le va-et-vient après, j’ai entendu les pompiers, a dit Gilles, qui a refusé de donner son nom de famille. J’ai cru qu’il y avait peut-être un feu, mais je n’ai pas vu de fumée. Ensuite, j’ai vu les ambulances… »

Le propriétaire du Centre aéro-récréatif ULM Québec, Guillaume Narbonne, n’a pas souhaité commenter l’incident.

Les ultralégers

Jean-François Blanchet pilote des avions depuis son adolescence et a sa propre école d’ultralégers à Lachute, Avitas. Il connaît bien la piste à Saint-Cuthbert, pour y être allé récemment dans le cadre d’une formation. Pour lui, il est clair que les avions ultralégers ne sont pas moins sûrs que les appareils plus lourds. « Il faut suivre la maintenance, explique-t-il. Même avec un 747, s’il n’est pas maintenu, il peut y avoir un problème. Et il faut faire une bonne visite pré-vol. »

PHOTO TIRÉE DU SITE INTERNET DE DTA

Le DTA Voyageur II

Il voit mal comment la météo, clémente hier, aurait pu être défavorable aux ultralégers. « Ils ont pris la décision de décoller », illustre-t-il, en parlant des deux hommes qui ont péri dans l’accident, jugeant qu’ils se seraient abstenus si le temps était moins favorable.

Pour les amateurs d’avions ultralégers, il s’agit souvent d’un « hobby », note pour sa part Jean-Samuel Plante, pilote privé. « La formation est un peu moins compliquée que celle d’un pilote de ligne, ils sont plus limités dans le nombre de passagers. Les aéronefs vont moins vite, moins haut », explique-t-il, ajoutant que les adeptes s’en servent « comme ceux qui font de la moto, pour se promener autour ou aller déjeuner ». D’autres vont jusqu’à modifier eux-mêmes les petits avions, qui doivent ensuite recevoir l’aval d’un mécanicien agréé. La conduite requiert tout de même un permis de pilote d’avion ultraléger.

Lors de l’accident, « il y avait un instructeur et un élève-pilote », a précisé M. Krepski. On ignorait au moment d’écrire ces lignes qui dirigeait l’avion.