« Je l'ai fait. J'ai pris l'oreiller et je l'ai étouffée. Je n'en pouvais plus. Appelez le 9-1-1, je vais être ici. »

C'est en ces termes que Michel Cadotte a expliqué à l'infirmière-chef Linda Desgagnés la mort de son épouse, Jocelyne Lizotte, le 20 février 2017, dans la chambre 476 du CHSLD Émilie-Gamelin.

Mme Desgagnés témoignait ce matin au palais de justice de Montréal, au procès devant jury du Montréalais de 57 ans, accusé de meurtre au second degré.

En prononçant ces paroles, au pied du lit dans lequel gisait sa femme inerte, Michel Cadotte avait les larmes aux yeux, mais il était calme, a dit l'infirmière.

« Je suis descendue pour prévenir mon chef, en lui disant qu'il y avait eu un assassinat dans mon unité », a-t-elle relaté.

Après consultation avec un médecin, son patron a appelé la police pour leur rapporter l'événement. L'infirmière est remontée à la chambre de Mme Lizotte pour prévenir son mari que les policiers arrivaient.

Quand les agents sont entrés dans la chambre, Michel Cadotte était assis sur le lit, près du corps de Mme Lizotte. Il a été menotté et amené par cinq ou six policiers, a rapporté Mme Desgagnés.

« J'avais de la sympathie, un certain attachement pour M. Cadotte, à cause de la complexité du cas de sa conjointe », a-t-elle expliqué.

Jocelyne Lizotte, atteinte de la maladie d'Alzheimer depuis plusieurs années, vivait en CHSLD depuis 2014. Elle n'avait pas d'interactions avec son environnement, était confinée à son fauteuil roulant ou à son lit, attachée en permanence en raison de mouvements incontrôlés qui auraient pu lui occasionner des blessures.

Quatre employées du centre ayant témoigné jusqu'à maintenant ont décrit Michel Cadotte comme un mari attentionné, qui visitait sa femme presque tous les jours, voyait à son bien-être et s'assurait qu'elle recevait de bons soins.

Aide médicale à mourir

Des médicaments contre la douleur avaient été prescrits à Mme Lizotte à la demande de son conjoint, a rapporté Linda Desgagnés. « Elle ne pouvait pas exprimer si elle avait de la douleur, mais on avait l'impression qu'elle était souffrante », a-t-elle observé.

Aussitôt que la loi fédérale sur l'aide médicale à mourir a été adoptée, en 2016, Michel Cadotte a demandé une rencontre avec les responsables du centre pour savoir si sa conjointe pouvait en bénéficier. Le personnel lui a alors expliqué que Mme Lizotte n'y était pas admissible, car elle n'était pas en fin de vie et n'était pas apte à y consentir.

« Il a semblé comprendre, a dit Mme Desgagnés. On lui a offert de l'aide. Il nous a répondu qu'il voyait déjà un psychologue et qu'il avait pris rendez-vous avec un avocat. »

Le témoignage de l'infirmière-chef se poursuit cet après-midi au palais de justice de Montréal.