L’adorateur de Marc Lépine accusé d’incitation à la haine envers les femmes, Jean-Claude Rochefort, dit avoir été « complètement déboussolé » par la ferveur grandissante de ses écrits sur les sites d’« incels ». Chacun de ses billets antiféministes pouvait, selon lui, être lu par près de 60 000 personnes partout dans le monde.

« C’est trop gros pour moi. Ça a pris de proportions qui me dépassent », a déclaré jeudi matin l’homme de 70 ans lors de son enquête sur remise en liberté, au palais de justice de Montréal.

Il a affirmé que ses écrits louangeant Marc Lépine étaient surtout repris par des jeunes hommes. Ils atteignaient un lectorat 20 fois plus important que ceux des blogues qu’il écrivait en 2009, lors de sa première arrestation pour menaces à l’égard des femmes.

Les policiers affirment que lors de son arrestation le 5 décembre dernier, la veille de la commémoration du 30e anniversaire de la tuerie de Polytechnique, il a affirmé que de décrire Marc Lépine comme un héros est « une mode » démarrée par un autre homme que lui.

Celui qui se décrit comme un « intellectuel » qui mène un « combat philosophique sur la problématique hommes-femmes » a promis qu’il cesserait ses écrits s’il était remis en liberté. Se disant titulaire d’un doctorat en philosophie, Rochefort se décrit aussi comme un « prisonnier politique et d’opinion » parce qu’il a été arrêté, incarcéré et « a croupi dans une prison » pendant près d’un an en 2009 pour avoir tenu un blogue antiféministe semblable, sans avoir droit à un procès juste selon lui.

Son avocat, Me Marc-Olivier Carrier, qui tente d’obtenir sa libération sous conditions en attendant son procès, a qualifié ses écrits de « choquants », mais soutient que Rochefort n’est pas un homme violent.

Il a tenté à plusieurs reprises de convaincre son client de garder le silence pour éviter de faire des aveux qui pourraient lui nuire, mais Rochefort a tenu à se décrire comme un homme ayant eu « peur du féminisme toute sa vie ». « Il y a toujours cette peur de perdre notre job, nos privilèges et nos droits à cause des féministes », a lancé l’accusé, qui était menotté et flanqué dans le box des accusés de deux femmes agentes des Services correctionnels.

Le juge Serge Delisle a souligné qu’un des billets de M. Rochefort, montrant un photomontage de Marc Lépine équipé d’une arme à feu, invitait les lecteurs à n’avoir « aucune merci » à l’égard des femmes.

Le juge a pris la cause en délibéré et rendra sa décision lundi.