Deux ex-policiers de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) somment Québecor de retirer du marché tous les exemplaires du livre PLQ inc., qu’ils qualifient d’« ouvrage diffamatoire ». Et ils réclament l’intervention de l’ex-premier ministre Brian Mulroney, président du conseil d’administration de la société.

André Boulanger et Caroline Grenier-Lafontaine, sa conjointe, ont piloté le « Projet A », qui portait sur la fuite de documents confidentiels de l’enquête Mâchurer sur l’ex-premier ministre Jean Charest et l’homme d’affaires Marc Bibeau. Ils ont participé à l’arrestation du député Guy Ouellette, du policier de la Sûreté du Québec affecté à l’UPAC Stéphane Bonhomme et du retraité de la SQ Richard Despatie.

Les deux policiers, qui sont aujourd’hui en arrêt de travail, soutiennent que le livre publié par Les Éditions du Journal, une société de Québecor Média, est une « publication illégale » qui reprend de nombreuses « fausses nouvelles » à leur sujet.

« Cet ouvrage diffamatoire que tous les médias défendeurs, leurs chroniqueurs et animateurs ont commenté, comme de véritables perroquets de l’information, est un autre coup fatal porté aux droits à la sauvegarde de la réputation, de l’honneur et de la dignité des demandeurs qui a malheureusement pour conséquence d’aggraver de façon irréparable leurs dommages », peut-on lire dans une mise en demeure envoyée par l’avocat des plaignants, Me Guy Bertrand.

L’avocat s’adresse également à Brian Mulroney pour l’informer de la situation. Dans une lettre qu’il lui a envoyée vendredi dernier, il dénonce « la publication illégale et répétée de documents obtenus en fraude à la Loi par des sources sans scrupules ».

Vos médias savaient ou devaient savoir que leurs sources n’avaient pas le droit de leur remettre des documents volés ou des informations confidentielles, pas plus qu’ils n’avaient le droit de les publier ou de les diffuser.

Me Guy Bertrand, dans une lettre à Brian Mulroney, président du conseil d’administration de Québecor

Selon lui, le livre porte atteinte aux droits fondamentaux de M. Boulanger et de Mme Grenier-Lafontaine, ainsi que des personnes visées par l’enquête Mâchurer. Sans compter qu’il a entravé le travail de l’UPAC, du Bureau des enquêtes indépendantes et du Directeur des poursuites criminelles et pénales.

Il s’agit, en somme, d’une « atteinte au système judiciaire », écrit Me Bertrand.

Enquête publique demandée

En septembre, M. Boulanger et Mme Grenier-Lafontaine ont tenu une conférence de presse pour dénoncer une série d’articles sur leur manière de conduire le Projet A. Ils ont demandé une enquête publique et réclamé 8 millions de dollars à Québecor et Cogeco.

Le bureau d’enquête de Québecor a révélé que Mme Grenier-Lafontaine était soupçonnée d’avoir travaillé de façon à « orienter faussement » le Projet A et d’avoir intercepté illégalement les conversations du député Guy Ouellette.

Ces informations s’appuient sur des documents hautement confidentiels qui n’auraient jamais dû être rendus publics, soutiennent M. Boulanger et Mme Grenier-Lafontaine.

Québecor a aussi rapporté que M. Boulanger était prêt à témoigner contre son ancien patron, Robert Lafrenière. Une information « fausse », selon la mise en demeure.

Québecor n’a pas rappelé La Presse, jeudi.

« Nos clients ont rapporté des informations d’intérêt public en vertu de leur liberté de presse », a écrit l’avocat de l’entreprise, Bernard Pageau, dans une réponse fournie au Journal de Montréal en septembre.

Il a précisé que les informations publiées par l’entreprise de presse avaient été obtenues et vérifiées « à l’aide de plusieurs sources ».