Le meurtrier d’une mère arménienne et de sa fille de 2 ans clame toujours son innocence 27 ans après ces meurtres haineux « fondamentalement racistes ». En raison de son faible risque de récidive, le septuagénaire Denis Paulet a récemment obtenu une prolongation de sa semi-liberté par la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC).

Le meurtre sordide de Bercuhi Leylekoglu et de sa fille Taylin, le 26 mai 1992 à Brossard, avait choqué le public à l’époque. Les deux victimes avaient été ligotées et étranglées. Une croix gammée et le mot « Terminator » avaient été tracés par le meurtrier sur le mur de la chambre de la famille d’origine arménienne.

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Denis Paulet

Ce crime raciste avait mystifié pendant des semaines les enquêteurs, qui croyaient avoir affaire à un groupuscule raciste. Ils ont finalement arrêté Denis Paulet et sa belle-mère Yvonne Allaire-Payette, des voisins des victimes. La femme avait fait le guet dans l’appartement pendant que son gendre assassinait la mère et la bambine. Ils s’étaient ensuite emparés de 4400 $ et avaient dessiné des croix gammées pour faire croire à l’implication d’un groupe raciste.

Denis Paulet, alors âgé de 46 ans, manifestait une haine des immigrants. Il avait déjà dit à sa complice devoir un jour « passer aux actes pour aider la société à se débarrasser des immigrants ». En le condamnant à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans en juin 1993, le juge Réjean Paul avait qualifié le crime de Denis Paulet du « plus crapuleux » de sa carrière.

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C'est ce dessin que le meurtrier Denis Paulet a tracé sur le mur de la chambre de Mme Bercuhi Leylekoglu.

Semi-liberté

Vingt-cinq ans plus tard, Denis Paulet n’est plus derrière les barreaux. L’homme de 72 ans réside en maison de transition depuis un an. Mais il nie toujours avoir commis ces crimes, malgré la preuve accablante.

« Selon votre version des faits, vous auriez perdu connaissance sur les lieux du crime et c’est à ce moment que votre complice aurait commis les meurtres. Selon vos dires, elle verbalisait régulièrement un discours hostile envers les immigrants et vous étiez sous son emprise », écrivent les commissaires du CLCC dans une décision récente.

La dernière évaluation psychologique, en juillet 2017, conclut que Denis Paulet a un faible risque de récidive violente. Toutefois, il affiche une « personnalité psychotique, qui peut décompenser et mener à des pertes de contact avec la réalité ». C’est d’ailleurs sa « désorganisation psychologique et son instabilité émotive » qui expliquent son passage à l’acte.

Comme son séjour en maison de transition se déroule bien depuis un an, les commissaires ont accepté de prolonger sa semi-liberté pour quelques mois en vue de sa libération conditionnelle totale. Les commissaires lui imposent toutefois de demeurer dans un « encadrement structuré » jusqu’à la fin de ses jours pour favoriser sa réinsertion sociale.