Deux anciens représentants commerciaux d’Universitas ont déposé chacun une demande cette semaine devant la Cour supérieure pour réclamer un total de plus de 1,1 million de dollars à leur ex-employeur.

Isabelle Gautreau et Stéphane Larocque disent s’être vu refuser d’exercer des activités de conseiller en sécurité financière ailleurs que dans une filiale du groupe. Or, disent-ils, les difficultés d’Universitas, un fonds d’épargne-études, les ont poussés à tenter d’aller chercher des revenus ailleurs.

« […] en 2017, faisant suite à sa décision unilatérale de modifier sa méthode de distribution des versements à ses souscripteurs, la défenderesse s’est retrouvée dans la tourmente et, en raison de la mauvaise publicité qui en a découlé, la demanderesse a vu par voie de conséquence ses revenus baisser substantiellement. », peut-on lire dans les documents judiciaires.

Les deux travailleurs demandent une compensation de deux fois leur salaire annuel moyen, des commissions et des dommages, le tout s’élevant à 620 967,53 $ dans le cas de M. Larocque et à 553 714,28 $ dans celui de Mme Gautreau.

En 2017, Universitas avait assoupli les règles de ses plans de bourses, permettant à un plus grand nombre d’élèves de bénéficier d’une somme pour leurs études postsecondaires. La mesure avait suscité la grogne de parents, puisque les bourses, partagées par davantage d’enfants, se trouvaient ainsi diminuées pour ceux qui étudiaient plus longtemps. L’Autorité des marchés financiers s’était mêlée de l’affaire et Universitas avait tenu un nouveau vote des souscripteurs à la fin de 2018, pour présenter sa proposition de façon plus claire. Environ 70 % des votants avaient alors appuyé le changement.

Les deux ex-employés estiment que cette saga leur a coûté cher. Mme Gautreau calcule son revenu annuel moyen des huit dernières années à quelque 219 704 $ et M. Larocque, à 248 064 $. C’est pour compenser des pertes de revenus que les deux représentants ont choisi de suivre une formation pour obtenir un permis de conseiller en sécurité financière de plein exercice, profession qu’ils voulaient exercer parallèlement à leur emploi de représentants en vente de plans de bourses d’études. Ils allèguent qu’une filiale d’Universitas créée en 2018, Parenthèse, leur a offert de rejoindre ses rangs, ce qu’ils ont tous les deux décliné. Ils soutiennent qu’Universitas leur a refusé le droit d’exercer leurs activités de conseillers en sécurité financière ailleurs qu’au sein de sa filiale.

Le porte-parole d’Universitas, Jean-Pierre Lapointe, a qualifié le litige de « différend de nature privée » et n’a pas voulu commenter plus spécifiquement le cas des deux employés.

Il a cependant assuré qu’Universitas est « en bonne santé financière ». « On ne commentera pas une fluctuation à la hausse ou à la baisse. Ce que je peux dire, c’est que ça va très bien chez Universitas », a-t-il indiqué, en précisant qu’il y avait du roulement de personnel dans l’entreprise, une « situation tout à fait normale ».

Il a aussi voulu rassurer les souscripteurs en précisant que le départ des deux représentants n’avait eu aucun impact sur la clientèle.

Les actifs d’Universitas, une entreprise québécoise, s’élèvent à environ 1,5 milliard.

— Avec Louis-Samuel Perron, La Presse