Des avocats syndiqués de l'aide juridique de l'ouest du Québec, dont Montréal, ont débrayé durant une journée, jeudi, las de la lenteur des négociations pour renouveler leur convention collective.

Près d'une centaine d'entre eux ont manifesté, jeudi midi, devant le palais de justice de Montréal, en toge. Leurs collègues de Québec et de l'est du Québec débraieront à leur tour vendredi.

Ces avocats employés par l'aide juridique demandent la parité salariale avec les procureurs de la Couronne. Les autres clauses sont réglées.

Les négociations ont toutefois toujours cours et la partie patronale a contacté les syndicats mercredi. Il y a donc « une lueur d'espoir », a souligné au cours d'une entrevue sur place Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnels, affiliée à la CSN, qui regroupe certains des syndicats concernés.

« Il n'y a aucune raison qui peut faire en sorte que les avocats qui défendent, surtout les plus démunis de notre société, soient moins bien payés que ceux qui accusent », a lancé Mme Langlois.

En août dernier, le Barreau du Québec avait fait une sortie publique pour demander aux partis politiques en campagne électorale de s'engager à bonifier le régime d'aide juridique, non seulement pour en améliorer l'accès, mais aussi pour mieux rémunérer les avocats de pratique privée qui acceptent des mandats de l'aide juridique.

Cette fois, ce sont les avocats employés par l'aide juridique qui protestent.

L'écart de rémunération entre les avocats de l'aide juridique et les procureurs de la Couronne atteindrait plusieurs milliers de dollars. L'un des syndicats concernés a expliqué que les procureurs de la Couronne avaient obtenu 10 pour cent d'augmentation sur quatre ans, de 2016 à 2019, alors que les avocats de l'aide juridique se sont fait offrir les mêmes augmentations que l'ensemble des employés de l'État, soit 5,25 pour cent, de 2015 à 2020.

Ces avocats de l'aide juridique négocient en « cartel ». Ils sont membres soit d'un syndicat rattaché à la Fédération des professionnels, soit d'un regroupement indépendant, la Fédération autonome des avocats de l'aide juridique du Québec. Ils sont environ 300 au Québec. Environ les deux tiers débrayaient jeudi ; l'autre tiers vendredi, a précisé Mme Langlois.

Le Bâtonnier du Québec, Me Paul-M. Grondin, a encore appuyé leur cause et celle plus globale du renforcement de l'aide juridique, jeudi. « Aujourd'hui, il faut qu'on parle d'aide juridique. J'exprime mon soutien le plus complet à tous celles et ceux qui acceptent des mandats d'aide juridique, qu'ils soient permanents ou de pratique privée, pour défendre les moins bien nantis d'entre nous », a-t-il fait savoir.

Le président de la CSN, Jacques Létourneau, s'est aussi adressé aux manifestants pour dénoncer le fait que « ça fait trois ans que le gouvernement Couillard laisse aller les choses, alors que le même parti politique parle de l'importance de la classe moyenne ».